Alors que les élus montréalais doivent voter aujourd'hui sur un emprunt de 15 millions pour l'achat de feux de circulation, signalisations et lampadaires, l'opposition à l'hôtel de ville craint que la somme ne profite à ce que le rapport de Jacques Duchesneau appelait le «cartel de l'éclairage».

«Il y a de l'inquiétude, et ce serait irresponsable de notre part de ne pas poser de questions pour s'assurer que le rapport de l'Unité anticollusion a été pris en compte. On veut être rassurés avant de procéder à de tels investissements», explique Caroline Bourgeois, conseillère de Vision Montréal dans Pointe-aux-Trembles.

Le vote d'aujourd'hui est la première décision financière majeure sur l'éclairage routier à Montréal depuis la sortie du rapport Duchesneau. Le document préparé par l'Unité anticollusion affirmait avoir mis à jour un «cartel de l'éclairage et de la supersignalisation».

«Un unique fournisseur contrôle la majeure partie du marché des luminaires, alors que deux fabricants et distributeurs de hauts mâts et lampadaires se partagent, quant à eux, la quasi-totalité de ces ventes», lit-on dans le document.

Aucune accusation

Le rapport affirme aussi que, «depuis déjà quelques années, trois entrepreneurs spécialisés ont la mainmise sur les contrats d'installation de ces produits homologués pour l'ensemble des projets routiers du Grand Montréal».

«Comme dans le cas d'un cartel, il n'y a pas de concurrence possible», dit le document.

Aucune entreprise de ce secteur n'a toutefois été accusée formellement d'une infraction en ce sens.

«On espère que les responsables à la Ville qui travaillent sur cet emprunt ont pris connaissance du rapport selon lequel il existait un quasi-cartel. On espère qu'ils ont au moins communiqué avec les enquêteurs de l'Unité anticollusion. On veut des réponses là-dessus», insiste Mme Bourgeois. L'opposition va soulever la question avant le vote au conseil municipal.

Vision Montréal souhaite aussi que tout soit mis en oeuvre pour favoriser la concurrence à Montréal dans le marché de l'éclairage routier.

Une étape dans le processus

«Le rapport parle du processus d'homologation des produits. Est-ce qu'on peut s'assurer que les pratiques de Montréal en matière d'homologation permettent au plus grand nombre possible d'entreprises de soumissionner?» demande Mme Bourgeois.

Jointe au téléphone, l'attachée de presse du Comité exécutif de Montréal, Ariane Lareau, s'est faite rassurante. L'emprunt n'est qu'une étape dans un long et rigoureux processus, explique-t-elle. «Le vote, c'est seulement sur un règlement d'emprunt. Ensuite, ça va permettre d'aller en appel d'offres», dit-elle.

«C'est une étape importante dans le but d'améliorer la fluidité de la circulation et de rendre les routes plus sécuritaires», ajoute-t-elle.