Il y a des utilisateurs qui le trouvent trop cher, trop plein ou trop sale. Mais pour les Montréalais à mobilité réduite, le métro de Montréal est tout simplement inaccessible: seulement 6 des 68 stations du réseau sont praticables en fauteuil roulant.

Plusieurs se sont donc présentés à l'hôtel de ville, hier, alors que la Société de transport de Montréal (STM) présentait son budget 2011, pour exiger qu'elle aménage davantage de stations.

«Au rythme actuel, l'ensemble des stations de métro sera accessible aux fauteuils roulants en 2085, déplore Laurence Parent, du Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec (RAPLIQ). C'est trop lent, on dirait que c'est la dernière des priorités pour la STM.»

Actuellement, six stations seulement sont munies d'un ascenseur: les trois de Laval, Henri-Bourassa, Berri-UQAM et Lionel-Groulx.

«J'habite à Ahuntsic, alors je peux prendre le métro Henri-Bourassa, explique Julien Gascon-Samson, 24 ans. Par contre, j'étudie à l'École polytechnique et je ne peux pas m'y rendre en métro, même s'il y a une station à côté de l'école. Elle n'est pas accessible.»

Laurence Parent, elle, habite tout près de la station Fabre. Elle n'est pas accessible aux fauteuils roulants. Les autobus munis d'une rampe refusent souvent de la prendre les lendemains de tempête. Et le service de transport adapté, sorte de taxi collectif offert à 20 000 Montréalais à mobilité réduite, subit des interruptions à la moindre chute de neige.

Résultat, la jeune femme n'a pas le choix de «rouler»: «Le soir, je pars du centre-ville et je rentre chez moi en fauteuil roulant, même s'il fait froid, même s'il est tard. En parallèle, la STM a son programme Entre deux arrêts pour permettre aux femmes de descendre des autobus en lieu sûr. J'imagine que je ne suis pas une femme pour la STM.»

Mme Parent n'hésite pas à parler de «ségrégation». «Aux États-Unis, il y a eu beaucoup de batailles judiciaires pour obtenir l'accessibilité, dit-elle. On pourrait aussi emprunter la voie juridique ici. Si rien ne bouge, on va le faire.»

À titre comparatif, Toronto compte plusieurs longueurs d'avance sur Montréal. Dans la Ville reine, 28 des 69 stations de métro sont accessibles en fauteuil roulant.

Au moins 10 millions par station

À la STM, on rappelle que les stations Bonaventure et Côte-Vertu seront équipées d'un ascenseur en 2011. Les stations attenantes aux deux futurs hôpitaux, Champ-de-Mars et Vendôme, seront aussi aménagées respectivement en 2013 et 2014.

Marvin Rotrand, vice- président de la STM et leader du parti Union Montréal, indique que d'autres stations suivront quand les budgets le permettront. Toute nouvelle station sera construite avec un ascenseur, note-t-il. Il soutient que la STM est sensible aux demandes des utilisateurs à mobilité réduite. Simplement, l'argent est compté.

«Ce qu'ils demandent, c'est quelque chose qu'on ne peut offrir, tranche-t-il. Ils demandent l'accessibilité totale des transports en commun à Montréal dans le court terme. Mais on estime que l'aménagement d'une station du réseau initial coûte de 10 à 15 millions. C'est énormément d'argent.»