La décision d'obliger les arrondissements à sabrer 40 millions de dollars d'investissements parce que Montréal veut réduire le service de sa dette et tenir compte de l'arrêt des appels d'offres pour les gros contrats a été suspendue, hier, à la suite de la nouvelle publiée dans La Presse.

Le trésorier de Montréal, Robert Lamontagne, qui avait avisé par note interne les directeurs des 19 arrondissements d'une coupe dans leurs investissements, a envoyé une autre note, hier.

Il y précise vouloir apporter «une correction à sa note du 14 décembre dont l'objet aurait dû se lire comme étant «Orientations du comité exécutif - Budget de fonctionnement et PTI 2010-2012» plutôt que «Décisions finales - Budget de fonctionnement et PTI 2010-2012»«.

Le trésorier ajoute que les indications qu'il avait transmises aux arrondissements n'étaient pas des «décisions finales» prises par le comité exécutif, mais plutôt des «orientations et des pistes de réflexion pour considération par l'administration».

Une nouvelle note

Il n'en demeure pas moins que, dans la nouvelle note, il explique aux directeurs que l'administration «songe» toujours «à refléter l'impact de la suspension des appels d'offres et des octrois de contrats sur l'ensemble des disponibilités financières de la Ville pour 2010 au PTI 2010-2012. Cet impact, associé à la volonté de réduire le service de la dette, pourrait représenter une réduction équivalente à environ 40% de l'enveloppe budgétaire moyenne 2010-2012.»

C'est à partir de ce calcul que La Presse a pu évaluer l'impact de cette «réflexion» à 40,6 millions pour la totalité des arrondissements.

La chef de l'opposition officielle, Louise Harel, et plusieurs arrondissements avaient sévèrement critiqué la décision de l'administration.

Hier, des élus se sont plaints et, selon Josée Duplessis, conseillère Projet Montréal du district De Lorimier, c'est ce qui a contraint la ville centre à suspendre le processus.

«L'administration municipale a maintenant affaire à des élus un peu plus allumés et qui connaissent mieux leurs dossiers, dit-elle. On ne se laissera pas passer un sapin comme ça!»

«Les élus des quartiers centraux ont fortement réagi parce qu'en coupant dans les budgets d'investissements, on ne coupe pas dans le gras. Tout ce qu'on a dans les budgets d'investissements, cela ne nous permet que de maintenir les choses: les rues, les bâtiments municipaux, etc. Alors si on coupe encore, on ne pourra même pas rendre les services de base.»

Cohabitation fragile

Si la ville centre va de l'avant avec ces 40 millions de coupes, cela pourrait-il briser la cohabitation et faire en sorte que le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, quitte le comité exécutif? Mme Duplessis ne le pense pas et ajoute: «Mais c'est sûr qu'à Projet Montréal, on ne restera pas silencieux.»

Dans sa note du 14 décembre, M. Lamontagne disait aux directeurs d'arrondissement qu'«à ce stade-ci de la production du budget et malgré le report de son adoption, les délais qui nous sont impartis pour finaliser sont excessivement serrés et ne comportent plus aucune marge de manoeuvre. Nous comptons donc sur l'étroite collaboration de tous pour que soient respectés les échéanciers établis».

Fini l'urgence

Mais hier, il n'y avait plus d'urgence: «Nous partageons avec vous les réflexions discutées à date, écrit-il. Les décisions finales à être prises feront partie du budget qui sera déposé en janvier 2010.»

M. Lamontagne a rappelé hier que la Ville va créer une réserve de 12 millions qui sera distribuée en 2010 aux arrondissements, une fois que les «conclusions de l'étude des dotations d'arrondissement par la Commission du conseil municipal sur les finances, les services administratifs et le capital humain» auront été connues.