Le Plateau-Mont-Royal a été le premier arrondissement montréalais à adopter, hier soir, un Plan de déplacement urbain (PDU), qui doit, en 15 ans, changer la qualité de vie de ses résidants, en réduisant et en réaménageant la circulation automobile du quartier.

Il aura fallu trois ans d'études et de consultations publiques avant que le PDU du Plateau intitulé «Se réapproprier le quartier» ne voie le jour. Son chef d'orchestre et géniteur principal est le conseiller municipal Michel Labrecque.

 

Le PDU (dont une version se trouve à tinyurl.com/asosmz) est assez ambitieux. Il comprend 49 actions qui doivent être réalisées de 2009 à 2024. La plus importante de ces mesures consistera, d'ici 2014, à réduire la vitesse des automobiles à 30 km/h dans toutes les petites rues. Le Plateau s'engage à diminuer d'ici 2018 de 20% la part de l'automobile dans les déplacements des résidants, qui utilisent les transports actifs à plus de 60%.

«Il n'y a pas de bons et de mauvais citoyens, ceux qui ont une auto qui seraient mauvais et ceux qui n'en n'ont pas, qui seraient de bons citoyens, a dit M. Labrecque. Mais on veut ralentir la circulation et changer les façons de se déplacer. On demande aux automobilistes qui traversent le Plateau d'emprunter les artères, de respecter la vitesse prescrite et de penser parfois à prendre d'autres moyens de transport. Tous les arrondissements font la même réflexion.»

Les trottoirs seront élargis (1,8 mètre). Des dos d'âne et des terre-pleins centraux feront leur apparition. Afin de libérer de l'espace dans les rues, l'arrondissement créera des stationnements étagés ou souterrains. La mairesse Helen Fotopulos a dit que le Plateau réfléchit aussi à la possibilité d'introduire un tarif de stationnement qui dépendra de la cylindrée du véhicule: on paiera plus cher si on a un VUS plutôt qu'une petite auto.

L'arrondissement pourrait aussi donner des vignettes aux invités des résidants pour qu'ils puissent se garer sans problème au lieu de chercher une place pendant une heure dans le quartier.

Parmi les autres mesures, citons la conception d'une «signature école» pour rendre plus sécuritaires les abords des écoles Paul-Bruchesi, Saint-Louis-de-Gonzague et Louis-Hippolyte-Lafontaine. Comme en Suisse, en Belgique et en France, une «zone de rencontre», avec priorité aux piétons et vitesse limitée à 20 km/h, sera aussi créée près du métro Mont-Royal entre les rues Saint-Denis et Saint-Hubert.

Une «zone verte» doit être créée d'ici cinq ans dans le secteur Milton-Parc et un tramway mis sur pied sur l'avenue du Parc entre 2014 et 2017.

La desserte intra-arrondissement par autobus (circuit d'autobus de la STM en boucle) devrait être améliorée et des voies réservées pour autobus mises sur pied.

Aurait-on pu mettre le PDU en oeuvre plus rapidement plutôt que de le planifier sur 15 ans? Michel Labrecque dit que non. «À cause du cadre budgétaire, de la dimension pédagogique du plan et parce qu'il faut en même temps faire la promotion du transport collectif, a-t-il dit. On préfère convaincre plutôt que contraindre.»

Le conseiller de l'opposition du Plateau et chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, a estimé que les éléments du PDU les plus difficiles à réaliser ont été prévus à trop long terme.

«On est encore beaucoup trop loin du compte, a dit M. Bergeron. On reporte toujours à plus tard le passage à un mode de transport différent. Promettre de réduire la part modale de l'automobile de 20% d'ici 9 ans n'aura aucun effet si, d'ici là, cette part augmente de 30%! Et ne pas oublier que c'est cette administration qui veut faire une autoroute de 1,5 milliard de la rue Notre-Dame...»

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