Devant les progrès relatifs des mesures d’atténuation des changements climatiques, l’adaptation, elle, devient plus essentielle que jamais. C’est d’ailleurs le thème d’une importante conférence internationale qui se tient toute la semaine à Montréal. Gros plan.

Est-ce encore une conférence sur le climat qui pourrait se terminer par un échec des négociations

Pas du tout. Contrairement aux conférences des parties, mieux connues sous l’acronyme COP, la conférence Adaptation Futures n’a pas pour objectif de convenir d’un accord entre les pays participants. C’est essentiellement une rencontre où des scientifiques et des experts de divers pays partagent leurs bons coups en matière d’adaptation et présentent les plus récentes découvertes sur le sujet. Le succès de l’évènement ne se mesure donc pas par la signature d’un accord, mais plutôt par la quantité et la qualité des échanges entre les participants.

Et l’adaptation, qu’est-ce que c’est concrètement ?

Ce sont toutes les mesures qui sont déployées pour permettre de faire face aux effets de plus en plus visibles des changements climatiques. Pour certains experts, l’adaptation devient plus importante que jamais alors que le monde a échoué jusqu’à présent à réduire de façon significative les émissions de gaz à effet de serre (GES) afin de limiter le réchauffement planétaire à 1,5 °C d’ici la fin du siècle. Certaines actions peuvent à la fois constituer une mesure d’atténuation et une mesure d’adaptation. C’est le cas notamment de la plantation d’arbres : la canopée permet de stocker du carbone, ce qui contribue à retirer des GES de l’atmosphère (atténuation). Elle permet aussi de lutter, entre autres, contre les îlots de chaleur pendant des épisodes de canicule (adaptation).

PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE

Journée chaude de juillet 2023 à Montréal

Qui organise cette conférence sur l’adaptation ?

Cette conférence, qui se tient tous les deux ans, est organisée sous l’égide du Programme scientifique mondial pour l’adaptation, géré par l’ONU. L’organisation de la septième conférence Adaptation Futures, qui se tient à Montréal, a été confiée au gouvernement du Canada en collaboration avec le consortium québécois Ouranos, qui se spécialise dans l’étude des changements climatiques. C’est la plus importante conférence dans le monde qui aborde les questions liées à l’adaptation aux changements climatiques. « Il y a 2200 personnes inscrites, alors ça risque d’être un record pour la conférence Adaptation Futures, mais ce n’est pas tout à fait surprenant compte tenu de l’ampleur des impacts des changements climatiques qui semblent s’amplifier d’une année à l’autre », a indiqué Alain Bourque, directeur d’Ouranos, en entrevue avec La Presse Canadienne.

PHOTO CHRISTINNE MUSCHI, LA PRESSE CANADIENNE

Alain Bourque, directeur d’Ouranos, Benoit Charette, ministre québécois de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, et Valérie Plante, mairesse de Montréal, à la conférence Adaptation Futures, mardi

Pourquoi est-ce important de parler d’adaptation ?

Les effets des changements climatiques sont déjà bien visibles partout dans le monde. Les mesures d’atténuation ne suffiront pas pour limiter les dégâts, d’autant que la planète s’est déjà réchauffée de 1,2 °C depuis l’ère préindustrielle. L’année 2023 risque d’être la plus chaude jamais enregistrée et les évènements météo extrêmes se multiplient dans plusieurs régions du monde, causant au passage d’importants dégâts et forçant des populations à évacuer leurs résidences. Preuve que l’adaptation est devenue un sujet incontournable, de plus en plus de gouvernements y consacrent des ressources importantes.

PHOTO ANGELOS TZORTZINIS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Inondations à la suite du passage de la tempête Elias, en Grèce, le 29 septembre dernier

Existe-t-il des exemples concrets d’adaptation ?

Les exemples sont nombreux et peuvent varier grandement, selon les régions. Pour une population insulaire dans l’océan Pacifique confrontée à la montée du niveau de la mer, l’ultime mesure d’adaptation consistera à quitter l’île pour aller vivre sur le continent. Toutes les mesures ne sont pas aussi extrêmes, mais l’adaptation sera incontournable partout dans le monde au cours des prochaines années.

Qui est présent à Montréal ?

Des représentants de 120 pays seront toute la semaine au Palais des congrès.

Cela signifie-t-il qu’il ne sert plus à rien de réduire nos émissions polluantes ?

Pas du tout. Si l’objectif de limiter le réchauffement à 1,5 °C semble pratiquement hors de portée, le monde peut encore espérer contenir le réchauffement sous les 2 °C d’ici la fin du siècle, quoique le défi semble important. Comme le signale régulièrement le climatologue américain Zeke Hausfather, ainsi que plusieurs de ses collègues scientifiques, « chaque dixième de degré compte ». D’autant plus que les mesures d’adaptation ne sont pas une panacée. Au-delà d’un certain réchauffement, il devient plus difficile de s’adapter. Il faut se rappeler aussi qu’un réchauffement de 2 °C constituerait une moyenne à l’échelle de la planète. Dans certaines régions, comme en Europe ou en Amérique du Nord, le réchauffement sera plutôt de 4 °C.

Consultez le site de la conférence Adaptation Futures 2023