Après deux semaines difficiles, le Bloc québécois semble reprendre du poil de la bête dans la lutte qui l'oppose au Parti conservateur, si l'on en croit le plus récent sondage de La Presse Canadienne Harris/Decima.

L'enquête dont les résultats ont été dévoilés jeudi place le parti de Gilles Duceppe à 39 pour cent dans les intentions de vote, en hausse de neuf points depuis une semaine.En comparaison, les conservateurs obtiennent 23 pour cent d'appuis dans la province, en baisse de deux points. Les libéraux sont demeurés stables à 17 pour cent tandis que le Nouveau Parti démocratique a perdu quelques plumes mais reste autour de 12 pour cent.

A l'échelle nationale, les conservateurs mènent toujours avec 36 pour cent des intentions de vote, suivis des libéraux à 23 pour cent, du Nouveau Parti démocratique à 17 pour cent et du Parti Vert à 12 pour cent.

A l'exception de celles du Bloc, les fluctuations dans les intentions de vote se situent toutes dans la marge d'erreur du sondage, qui est de 2,8 pour cent 19 fois sur 20 pour les résultats nationaux. Elle est encore plus importante pour les données régionales puisque l'échantillon est plus petit.

D'après le vice-président d'Harris/Decima, Alain Cusson, les données sont néanmoins significatives puisqu'elles indiquent un regain d'appui pour les troupes de M. Duceppe qui avaient du mal à faire entendre leur voix depuis la dissolution du Parlement, le 7 septembre dernier.

A son avis, cette remontée spectaculaire s'explique surtout par la crainte qu'éprouvent plusieurs électeurs québécois à la perspective d'un gouvernement Harper majoritaire.

«Il y une grande campagne à la grandeur du Canada à différents niveaux et par différents groupes pour prévenir un gouvernement majoritaire des conservateurs qui semble avoir un effet assez marqué, au Québec particulièrement», a-t-il expliqué lors d'un entretien téléphonique.

Le sondeur ajoute que ce phénomène bénéficie non seulement au Bloc, mais aussi aux libéraux, qui sont eux aussi perçus comme un rempart contre une majorité conservatrice.

L'enquête quotidienne de Harris/Decima ne contient pas de questions sur les motifs des électeurs. M. Cusson ne peut donc dire si les compressions dans le domaine culturel ou les idées des conservateurs sur le contrôle des jeunes contrevenants ont influencé les intentions de vote des personnes interrogées.

Le politologue Harold Chorney, de l'Université Concordia, croit pour sa part que ces facteurs ont très certainement pesé dans la balance. «Quand Harper dit que les Québécois ne s'intéressent pas à la culture, il montre qu'il ne comprend pas très bien les Québécois», a-t-il fait valoir.

Selon lui, les Québécois ne sont pas non plus très favorables à «des assauts punitifs» contre les adolescents, même ceux qui commettent des crimes graves.

«Probablement que le parti de M. Harper est plus conservateur dans le domaine des valeurs sociales que la plupart des Québécois. La plupart des Québécois sont relativement à gauche ou centre gauche sur les questions sociales et particulièrement sur la question des arts et le traitement des crimes commis par la jeunesse. Ils ont une attitude complètement différente des gens qui sont en Alberta par exemple», a-t-il insisté.