Inquiets du silence des politiciens sur l'avortement depuis le début de la campagne électorale, des groupes de femmes ont demandé jeudi aux chefs et aux candidats de tous les partis politiques de se prononcer sur la question, d'ici le 14 octobre, afin que les électeurs puissent faire leur choix en toute connaissance de cause.

«Nous voulons que chaque parti s'engage à ne pas toucher au droit fondamental d'une femme à décider de sa procréation», a expliqué Johanne Filion, de la Fédération du Québec pour le planning des naissances, lors d'un point de presse.

Son association, ainsi que le Congrès du travail du Canada et divers organismes pro-choix d'autres provinces, affirment être non partisans. Contrairement à la plusieurs grandes organisations syndicales dont la CSN, la coalition qu'ils ont formée a d'ailleurs refusé de se prononcer en faveur d'un parti politique.

Les femmes présentes à Ottawa jeudi s'en sont toutefois pris en particulier aux conservateurs, qui ont voté en majorité, au printemps dernier, en faveur d'un projet de loi de leur collègue albertain Ken Epp qui ouvrirait la porte à la reconnaissance des droits du foetus.

Ce projet est mort au feuilleton à la dissolution du Parlement, en même temps que d'autres projets de loi controversés touchant aux droits des femmes, dont l'un visait à interdire les avortements après la 20e semaine de grossesse.

Même s'il n'a pas été adopté, le projet de M. Epp a fait réaliser aux femmes et aux défenseurs du libre choix en matière d'avortement que les acquis des dernières décennies étaient menacés, a souligné Mme Filion.

«C'était du jamais vu à la Chambre des communes, a-t-elle déclaré. Il faut se rappeler que cette année, c'était le 20e anniversaire de la décriminalisation de l'avortement et en deux années, deux années et demie de mandat, on n'a jamais eu autant de menaces potentielles sur la table.»

Une journée de mobilisation sur la question est prévue dimanche dans plusieurs grandes villes du pays, dont Montréal et Ottawa.

En plus d'exiger des garanties sur le maintien des droits reproductifs, les groupes de femmes entendent réclamer des stratégies nationales en matière de prévention, de logement abordable, d'emploi, de services de garde. «Ce sont des demandes historiques. Ce n'est rien de nouveau», a rappelé Mme Filion.

Le chef libéral Stéphane Dion n'a mis que quelques heures pour répondre à l'appel de la coalition. De Québec, il a confirmé qu'il était pro-choix et et s'est engagé à défendre le droit des femmes de choisir s'il était élu premier ministre.

Son adversaire du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a de son côté rappelé que plusieurs membres de son équipe s'étaient prononcées la semaine dernière pour le libre choix et qu'elles avaient invité toutes les femmes du Québec à défaire les conservateurs.

Stephen Harper n'a pas fait de commentaires sur cet enjeu avant de quitter l'Ouest canadien, jeudi. Les groupes de femmes ont souligné qu'il s'était engagé à ne pas toucher au droit à l'avortement dès le début de la campagne électorale de 2005-2006, mais qu'il n'avait pas réitéré sa promesse cette fois-ci.