Un avocat de Lac-Mégantic qui travaille avec de grands bureaux de Montréal, Toronto et New York, croit pouvoir obtenir des dizaines de millions de dollars pour les sinistrés de la tragédie grâce au recours collectif qu'il vient de lancer.

Les avocats réclament une compensation financière de la Montreal, Maine and Atlantic pour la tragédie survenue il y a neuf jours.

Deux victimes de Lac-Mégantic - un conjoint endeuillé et le propriétaire du Musi-Café - représenteraient l'ensemble de leurs concitoyens dans le cadre de cette poursuite.

«Je suis impliqué dans ma communauté et moi-même je suis un sinistré. J'ai eu des rencontres chez des amis qui m'ont demandé si un recours était possible contre cette compagnie-là, a relaté l'avocat Daniel Larochelle. Je leur ai dit de me donner le mandat et que j'allais voir ce que je peux faire.»

Me Larochelle a déposé sa requête ce matin au Palais de justice de Sherbrooke. Les cabinets d'avocats qui l'appuient sont spécialisés dans ce type d'affaires. «Ces cabinets ont une vaste expérience dans le domaine de la responsabilité délictuelle et dans les recours en compensation pour les victimes d'une catastrophe, telle que les déversements de pétrole dans les golfes par BP et Exxon Valdez», selon leur communiqué.

Un recours rapide

En entrevue avec La Presse, Me Daniel Larochelle a plaidé qu'il n'était pas trop tôt pour déposer un recours collectif.

«On avait pas besoin d'attendre plus que ça. On est en mesure d'établir une faute, on est en mesure de cerner un groupe d'individus qui a subi des dommages, on est en mesure d'évaluer les dommages qu'on imagine», a indiqué Me Larochelle.

Selon lui, si le recours collectif est couronné de succès, un montant de l'ordre de plusieurs dizaines de millions de dollars pourrait être versé aux sinistrés de Lac-Mégantic. 

Ce recours ne remplacerait pas les chèques que plusieurs sinistrés ont touchés de leur assureur.

Le recours collectif compléterait ce montant. «Il y a des choses qui ne sont pas compensées par les compagnies d'assurance. On parle de toute la douleur physique, des inconvénients, du stress, a exposé Daniel Larochelle. On va axer également sur des dommages exemplaires, des dommages punitifs.»

Des assureurs dans les paradis fiscaux 

La requête en autorisation du recours collectif met en cause la MMA, ses dirigeants et des entreprises liées, mais aussi deux compagnies présentées comme ses assureurs.

XL Insurance Company et XL Group sont respectivement situées en Irlande et aux Bermudes, deux pays considérés comme des paradis fiscaux.

Selon Daniel Larochelle, la MMA pourrait bien avoir d'autres assureurs. Il ajoutera leurs noms à la requête à mesure que leur existence sera connue.

Les sinistrés se ruent vers l'aide

Parallèlement, les sinistrés locaux se sont rués vers le bureau d'aide instauré par le gouvernement du Québec, lundi matin, dans le cadre du plan de secours initial de 60 millions $.

Dès l'ouverture, à 8h, une file se formait, et au moins une centaine de personnes se trouvaient aux différents bureaux et cubicules vers 10h.

Denis Landry, directeur du rétablissement au ministère de la Sécurité publique, indiquait avoir remis 70 chèques de 1000 $ dans la première heure.

Une somme forfaitaire de 1000 $ est ainsi versée à chaque famille qui a dû évacuer son foyer dans la ville dévastée par le déraillement de train du 6 juillet.

Des indemnités sont aussi accordées pour les vêtements, l'hébergement temporaire et le ravitaillement, ainsi que le déménagement ou les meubles, entre autres.

L'État accordera par ailleurs jusqu'à 153 000 $ à un propriétaire dont la résidence principale a été détruite. Au total, 8 millions $ sont réservés aux particuliers, et 10 millions $ aux entreprises.

La Croix-Rouge offrait également de l'aide alimentaire et des vêtements en ces lieux.

En annonçant l'aide de 60 millions $ et ce guichet unique ouvert ce lundi, la première ministre Pauline Marois avait assuré vouloir aplanir les tracasseries bureaucratiques.

Elle avait soutenu que d'autres sommes suivraient pour les besoins à plus longue échéance. Mme Marois avait aussi dit s'attendre à ce qu'Ottawa fasse sa part.

- Avec La Presse Canadienne