Plus de huit Québécois sur dix soutiennent l’idée d’une vitesse maximale de 30 km/h dans les rues où circulent des enfants, selon un nouveau sondage commandé par Piétons Québec. L’organisme presse le gouvernement d’en faire plus pour sécuriser les trajets d’élèves au-delà de la zone scolaire.

« On ne s’attendait pas à une adhésion aussi forte de la population. Ça démontre que les gens sont prêts pour ce type de changement. Maintenant, on espère que le gouvernement entendra ce message », explique à La Presse la directrice de Piétons Québec, Sandrine Cabana-Degani.

Le sondage web, réalisé par la firme Léger auprès de 1004 répondants québécois entre le 23 et le 25 février 2024, conclut notamment que 85 % de l’échantillon considère que 30 km/h ou moins est la limite de vitesse acceptable dans les rues où circulent des enfants, par exemple dans les corridors scolaires.

Piétons Québec, qui avait réclamé en février que le gouvernement impose une vitesse maximale de 30 km/h dans toutes les villes de la province, déplore par ailleurs que la question du « corridor scolaire » ne soit pas réellement prise en compte dans le projet de loi 48 de la ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

Celle-ci « avait pourtant initialement évoqué sa volonté de sécuriser ces lieux », dénonce Mme Cabana-Degani. « Le gouvernement fait valoir que la notion de corridor scolaire est complexe à définir, mais une façon très simple d’agir, ça serait justement d’abaisser la vitesse de base à 30 km/h par défaut en milieu urbain, en permettant aux villes de le mettre à 40 km/h ou 50 km/h là où c’est approprié », dit-elle.

95 % en dehors des zones scolaires

Selon des données de l’organisme, basées sur des bilans routiers de la Société d’assurance automobile (SAAQ) entre 2011 et 2020, 95 % des morts d’enfants surviennent à l’extérieur des zones scolaires. Pour les blessures, cette même proportion est de 86 %.

« La zone scolaire reste très limitée et on y fait déjà beaucoup d’aménagements, donc on prévient beaucoup de collisions. Mais le chemin de l’élève pour y arriver demeure très problématique, on le voit. L’enfant ne se téléporte pas dans la zone scolaire », affirme Sandrine Cabana-Degani.

Jointe par La Presse, la ministre Geneviève Guilbault, elle, rétorque : « La nature de corridor scolaire, on l’a introduite dans le plan pour qu’on puisse réfléchir et graduellement élargir de la zone scolaire. » « Cela dit, pour le 30 km/h, ça ne peut pas être une obligation mur à mur de la même façon que la zone scolaire, qui est claire et avec laquelle les villes sont habituées de travailler », soutient-elle.

Selon elle, imposer une trop large limite de 30 km/h « ne tiendrait pas nécessairement compte des spécificités municipales » d’une ville à l’autre, notamment celles « d’une petite ville versus une autre très densifiée ».

« On ne peut pas arriver comme ça avec des définitions qu’on va imposer à une foule d’intervenants partout, qui vont devoir se débrouiller avec. Il faut y aller intelligemment », soutient la ministre, qui promet néanmoins de « rendre les corridors scolaires le plus sécuritaires possible ».

Pour l’heure, le projet de loi 48, qui mettra sur pied la future Stratégie nationale de sécurité routière du gouvernement, est toujours en étude détaillée.