Trente-quatre ans plus tard, « pour ne jamais oublier » : la commémoration de la tuerie de Polytechnique, survenue le 6 décembre 1989, a été célébrée mercredi, à Montréal, devant proches des victimes et dignitaires.

« C’était un mercredi, sur cette montagne », s’est rappelée Catherine Bergeron, dont la sœur Geneviève est morte lors de la tragédie, devant la foule de personnes rassemblées au chalet du parc du Mont-Royal, sur le belvédère Kondiaronk. « C’était un soir froid de décembre, un peu à l’image d’aujourd’hui. »

Mme Bergeron, également présidente du comité Mémoire, a ainsi salué l’héritage des victimes, un héritage qu’elle résume en deux mots : « plus jamais ». « Nous sommes là en souvenir d’elles, car nous savons le devoir de mémoire plus pertinent que jamais malgré le temps qui passe, a-t-elle ajouté. Nous y sommes encore, car nous savons qu’il reste encore trop à faire pour vivre au sein d’une société égalitaire, ouverte et pacifique. »

Peu après 17 h 10, heure à laquelle les premiers coups de feu ont retenti il y a 34 ans, 14 faisceaux lumineux – un pour chacune des victimes ayant perdu la vie – ont illuminé le ciel au-dessus du belvédère Kondiaronk, tandis qu’étaient lus les noms de ces femmes tuées « parce qu’elles étaient des femmes ».

Une minute de silence a ensuite été observée en leur honneur, après quoi la pianiste Viviane Audet a interprété sa pièce Les filles montagnes, composée à la mémoire des victimes.

PHOTO GRAHAM HUGHES, LA PRESSE CANADIENNE

Le premier ministre du Québec, François Legault, dépose des fleurs en compagnie de sa conjointe, Isabelle Brais.

De nombreuses personnalités politiques, notamment les premiers ministres François Legault et Justin Trudeau, ont ensuite procédé au dépôt de roses blanches près de photos des victimes.

Dans une brève allocution aux membres des médias, M. Trudeau a estimé qu’il restait « beaucoup de travail à faire, [car] encore trop de femmes subissent de la violence ». M. Legault a pour sa part insisté sur le caractère antiféministe du drame et a chaudement salué la contribution des femmes travaillant dans le milieu du génie au Québec.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, était absente au lendemain d’un malaise éprouvé en pleine conférence de presse. C’est Josefina Blanco, responsable de la condition féminine au comité exécutif de la Ville, qui représentait Mme Plante.

Lisez « Victime d’un malaise, Valérie Plante ralentira le rythme »

Attentat antiféministe

La commémoration de la tuerie a été précédée par la Semaine de la rose blanche, qui a pour objectif l’éveil des jeunes filles aux sciences et au génie. Les drapeaux devant le pavillon principal de Polytechnique ont par ailleurs été mis en berne à l’aube, mercredi, et devaient le demeurer jusqu’au crépuscule.

Les rubans blancs, symbole d’appui à la Journée nationale de commémoration et d’action contre la violence faite aux femmes, étaient à l’honneur à Polytechnique et ailleurs à l’Université de Montréal, de même que sur le belvédère Kondiaronk.

Au début de la soirée du 6 décembre 1989, 13 étudiantes et une employée de l’École polytechnique ont vu leur vie fauchée lorsqu’un tireur les a abattues parce qu’elles étaient des femmes qui étudiaient ou travaillaient dans un domaine réservé traditionnellement aux hommes. Aujourd’hui considérée comme un attentat antiféministe, la tragédie a ébranlé tout le pays.

Les victimes de la tuerie

  • Geneviève Bergeron, 21 ans
  • Maryse Laganière, 25 ans
  • Hélène Colgan, 23 ans
  • Maryse Leclair, 23 ans
  • Nathalie Croteau, 23 ans
  • Anne-Marie Lemay, 22 ans
  • Barbara Daigneault, 22 ans
  • Sonia Pelletier, 28 ans
  • Anne-Marie Edward, 21 ans
  • Michèle Richard, 21 ans
  • Maud Haviernick, 29 ans
  • Annie St-Arneault, 23 ans
  • Barbara Klucznik-Widajewicz, 31 ans
  • Annie Turcotte, 20 ans