(Montréal) Les statistiques actuelles sur la situation du logement, déjà préoccupantes, sous-estiment la réalité, avance le FRAPRU, qui croit que la situation va encore s’aggraver.

Le Front d’action populaire en réaménagement urbain a publié mardi son 8e« Dossier noir » traitant de logement et de pauvreté au Québec, basé notamment sur des statistiques du recensement de 2021.

Lors du recensement de 2021, on avait dénombré 173 000 ménages locataires au Québec ayant des « besoins impérieux de logement ».

Or, ces statistiques de 2021 tenaient compte des revenus des ménages momentanément gonflés par des prestations COVID, souligne l’organisme. C’est ce qui lui fait dire que les problèmes d’accessibilité au logement sont sous-estimés.

Le FRAPRU note par exemple qu’il faudrait y ajouter les personnes itinérantes, soit « au moins 10 000 » enregistrées lors du dernier dénombrement d’octobre 2022.

Sa porte-parole Véronique Laflamme souligne que le taux de logements inoccupés au Québec n’est que de 1,7 %, « le plus bas pourcentage depuis près de 20 ans ». Et 28 centres urbains au Québec affichent un taux d’inoccupation inférieur à 1 %.

La pénurie de logements s’est accompagnée d’une hausse des loyers. Le FRAPRU note une augmentation de 844 $ à 952 $ dans l’ensemble du Québec. Et les logements disponibles sont plus coûteux, soit 1272 $ dans la région métropolitaine de Montréal, 1312 $ dans la région de Québec et 1450 $ à Gatineau.

On voit donc des ménages qui consacrent plus de 80 % de leur revenu aux dépenses de logement.

« Pour ces gens qui consacrent plus de 80 % [de leur revenu au logement], le moindre imprévu, le frigo qui brise, une séparation, peut mener malheureusement à la perte du logement, à la rue », a conclu Mme Laflamme.

Les personnes âgées, les personnes seules, les jeunes de 15 à 24 ans et les femmes sont les catégories les plus touchées par la crise actuelle, note l’organisme.

Si le FRAPRU pense que la situation va encore s’aggraver, c’est notamment à cause de « la vitesse à laquelle les loyers augmentent », qui ne correspond pas à celle à laquelle les revenus des ménages augmentent. Certes, le salaire minimum a fait un bond, ce qui a contribué à soutenir des ménages à faible revenu, mais ce n’est pas suffisant.

Ensuite, elle rapporte que « les besoins sont immenses » et que les gouvernements tardent à mettre en œuvre leurs stratégies, leurs programmes. Pourtant, « l’itinérance coûte plus cher que le logement social », affirme Mme Laflamme.

Elle déplore que Québec renvoie la balle aux municipalités et que le gouvernement fédéral soutienne la construction de logements trop coûteux, loin d’être abordables.

« Une chose est sûre : ça ne peut plus prendre des années. Parce qu’effectivement, on les voit les conséquences dramatiques ; vous les voyez tous les jours. Il faut que ça arrête. C’est bien les refuges d’urgence, mais c’est pas du logement permanent, ça », a conclu Mme Laflamme.

Le FRAPRU annonce une tournée des régions du Québec et une campagne de visibilité pour faire pression sur les autorités afin qu’elles agissent en matière de logement.