De plus en plus de mineurs consomment du cannabis en vapotant, ce qui est pourtant illégal au Québec, révèle un récent portrait. De manière générale, la consommation de cannabis a légèrement augmenté dans la population depuis sa légalisation, il y a quatre ans.

(Montréal) Pas l’apocalypse annoncée

L’Institut de la statistique du Québec a diffusé mercredi son portrait annuel de la consommation de cannabis dans la province. En 2022, 19 % des Québécois ont consommé du cannabis, soit 23 % des hommes et 16 % des femmes. Cela représente une légère hausse de 5 points de pourcentage de la proportion de consommateurs depuis 2018, l’année de la légalisation du cannabis au Québec. Les plus grands consommateurs demeurent les jeunes adultes. « L’apocalypse crainte et annoncée ne s’avère toujours pas », observe d’emblée Jean-Sébastien Fallu, professeur à l’Université de Montréal et spécialiste en prévention de la toxicomanie. Par ailleurs, la consommation de cannabis a baissé chez les 15 à 20 ans, contrairement aux tranches d’âge plus âgées qui ont augmenté leur usage, notamment chez les 35 ans et plus. Selon Jean-Sébastien Fallu, ces données ne représentent toutefois qu’un indicateur parmi d’autres, et n’indiquent pas, par exemple, le type d’usage (à des fins récréatives, médicinales, etc.). « Il faut aussi voir s’il y a des conséquences positives associées à la déstigmatisation, à la déjudiciarisation et à l’accès à des produits contrôlés », énumère-t-il.

Plus de vapotage chez les jeunes

On le sait, le vapotage connaît une popularité fulgurante auprès des adolescents, et celle-ci ne se limite pas qu’à la cigarette électronique. Parmi les consommateurs de 15 à 17 ans, 70 % ont consommé du cannabis en vapotant en 2022, contre 44 % en 2021. Pourtant, les produits de vapotage de cannabis ne sont pas vendus légalement au Québec. Oui, leur utilisation comporte des risques, souligne Jean-Sébastien Fallu. Les vapoteuses sont très discrètes et faciles à utiliser. « Ça favorise une augmentation de la fréquence de consommation, qui peut créer une accoutumance », explique-t-il. Selon lui, la meilleure façon de contrôler la vente de ces produits, devenue un « far west », est de la légaliser. « On pourrait offrir ces produits avec des taux de THC contrôlés, plus bas, pour les jeunes à partir de 18 ans », suggère-t-il. Le mode de consommation le plus populaire demeure tout de même de fumer le cannabis. Tous âges confondus, la proportion qui a vapoté du cannabis a augmenté de 19 % à 24 %.

Moins de ventes illégales

C’était l’un des principaux objectifs de la Loi sur le cannabis : empêcher les profits engendrés par la vente de cannabis d’enrichir les criminels. En 2022, 8 % des consommateurs ont déclaré s’être procuré du cannabis auprès d’un fournisseur illégal, une baisse de 3 % par rapport à 2021. Environ 67 % se sont approvisionnés au moins une fois à la Société québécoise du cannabis (SQDC), tandis que 41 % s’en sont procuré auprès d’un membre de la famille, d’un ami ou d’une connaissance. « Ces données vont dans la bonne direction », estime M. Fallu. Quant aux fréquences de consommation, elles sont comparables à celles observées ces dernières années. Près de 42 % des Québécois ayant consommé du cannabis dans l’année en ont consommé moins d’un jour par mois, environ 19 % l’ont fait occasionnellement, 24 % régulièrement et 14 % quotidiennement.

Des jeunes sensibilisés

Autre statistique encourageante : près de 80 % des Québécois de 15 ans et plus disent avoir vu ou entendu des messages de sensibilisation concernant le cannabis au cours des 12 mois précédant l’enquête. Et les adolescents sont les plus nombreux en proportion à déclarer avoir été exposés à ce type de message (91 %), suivis par les 18-20 ans (88 %) et les 21-24 ans (86 %). « Il y a quand même du positif quand on voit que les jeunes sont exposés à la sensibilisation et que deux personnes sur trois s’approvisionnent à la SQDC », conclut M. Fallu.