Des manifestants réclament la régularisation des sans-papiers

« Assez bons pour travailler, assez bons pour rester ! », ont scandé des dizaines de manifestants rassemblés au centre-ville de Montréal dimanche pour réclamer la régularisation du statut migratoire de toutes les personnes sans papiers au Canada.

Yaya Ndiaye, sa femme Bodiel Diaw et leur famille sont arrivés au Canada par les États-Unis en mai 2018. Depuis, ils travaillent dans le secteur de l’alimentation tout en espérant régulariser leur statut d’immigration.

Dimanche après-midi, malgré les 28 °C ambiants, M. Ndiaye et Mme Bodiel ont rejoint des dizaines d’autres personnes rassemblées à la place Émilie-Gamelin, au centre-ville de Montréal, pour réclamer un statut migratoire pour toutes les personnes vivant au Canada et au Québec.

Quoiqu'il n'y ait pas de données précises sur ce nombre, le gouvernement fédéral estime qu’entre 20 000 et 500 000 personnes vivent sans papiers au pays. Immigration, réfugiés et citoyenneté Canada (IRCC) a annoncé au printemps être en exploration pour élaborer une politique permettant de « régulariser le statut des travailleurs sans papiers qui contribuent aux communautés canadiennes ». Le gouvernement du Canada s’appuie sur un projet-pilote déployé à Toronto pour les travailleurs sans statut du milieu de la construction.

Lisez l’annonce de l’IRCC

Élargir l’accès au programme

« Nous savons que les personnes sans statut ont de la misère à répondre à leurs besoins de base, à recevoir des soins de santé, sont souvent dans l’impossibilité d’inscrire leurs enfants à l’école ou à la garderie, et vivent dans la peur d’être déportés », a lancé à la foule Alexandra Pierre, présidente de la Ligue des droits et libertés. L’organisme co-organisait la manifestation avec entre autres Solidarité sans frontières et le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants (CTI).

« On demande au fédéral d’élargir le plus possible le [futur] programme de régularisation, et on demande à Québec d’y être inclus », explique à La Presse Cheolki Yoon, du CTI.

L’élargissement de l’accès au statut devrait par ailleurs s’appliquer aux femmes, même celles qui ne travaillent pas ou qui ont échoué à leur audience avec IRCC, estime Rita Acosta, du Mouvement contre le viol et l’inceste. « On laisse de côté beaucoup de femmes [dans le processus d’immigration], et elles ont souvent déjà vécu beaucoup de persécution », rappelle Mme Acosta.

« Plein de personnes ont des problèmes, parce que les avocats [en immigration] prennent leur argent, mais ne font pas leur boulot ! », renchérit Shahista Hussein, qui accompagne de nombreux migrants dans le cadre de son travail au Bureau d’information de Parc-Extension (BIPE).

Vague de solidarité

La candidate solidaire pour Mont-Royal–Outremont, la Dre Isabelle Leblanc, était présente à la manifestation. Sa pratique médicale se fait dans le quartier Côte-des-Neiges de Montréal, où elle côtoie de nombreux sans-papiers. « En tant que médecin, je vois au quotidien les embûches que les personnes sans statut vivent, détaille-t-elle. Il faut se battre pour qu’ils aient les mêmes droits que tout le monde. »

Une vision partagée par Fernand Deschamps, enseignant à la retraite qui a œuvré dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce, à Montréal. « Les familles sans statut permanent, ça causait toutes sortes de complications, se rappelle l’enseignant retraité. Tous ces gens-là contribuent à la société, alors pourquoi ces restrictions ? C’est une question importante qui nous concerne tous. »