Combien de temps passez-vous quotidiennement devant un écran ? La réponse n’est pas sans conséquence : chaque heure d’utilisation de médias numériques par les parents est corrélée à une diminution du score de développement global de leur enfant.

C’est la conclusion d’une étude de l’Université Sainte-Anne, en Nouvelle-Écosse, et de l’Université de Sherbrooke présentée jeudi dans le cadre du 89e congrès de l’Acfas.

Alexa Johnson, étudiante à l’Université Sainte-Anne, ainsi que les professeures Elizabeth Harvey et Caroline Fitzpatrick souhaitaient comprendre en quoi l’utilisation des écrans par les parents avait affecté le développement des enfants durant la pandémie.

Au début de la pandémie, l’équipe de recherche a recruté 316 parents d’enfants d’âge préscolaire, soit en moyenne de trois ans et demi, qui ont rapporté le nombre d’heures par jour d’utilisation parentale des appareils suivants : télévision, ordinateur, jeux vidéo, tablettes et téléphone intelligent.

Un an plus tard, les parents ont effectué une mesure du développement global de leur enfant. Les analyses ont révélé que chaque heure d’utilisation parentale des médias numériques était corrélée à une diminution du score de développement global.

« Le développement global comprend la motricité globale de l’enfant, sa motricité fine, le développement de ses capacités de communication, de résolution de problèmes, et son développement personnel et social », détaille Caroline Fitzpatrick, professeure à l’Université de Sherbrooke, membre du Groupe de recherche et d’intervention sur les adaptations sociales de l’enfance et coauteure de l’étude.

Plus de temps d’écran chez les enfants

Par ailleurs, leurs données ont suggéré qu’il y avait eu une augmentation du temps d’écran chez les enfants d’âge préscolaire pendant la pandémie, a indiqué Mme Fitzpatrick.

L’Organisation mondiale de la santé recommande de ne pas exposer les enfants au moindre écran avant l’âge de 2 ans, au maximum une heure par jour entre 2 et 5 ans et de deux heures par jour pour les enfants de 5 ans et plus.

Toutefois, à peine la moitié des enfants d’âge préscolaire respectait la recommandation avant la pandémie. La situation ne s’est pas améliorée avec l’arrivée du virus, puisque le temps d’écran chez les enfants de 0 à 18 ans a augmenté pendant la pandémie, a indiqué Mme Fitzpatrick.

Ces résultats préoccupent les experts, puisque les études démontrent que les enfants qui utilisent des écrans plus de deux heures par jour ou qui sont exposés avant l’heure du coucher aux médias numériques sont à risque d’un retard de développement.

« La consommation d’écran demeure un comportement sédentaire, donc, peu importe la qualité des émissions que l’on écoute, ça peut avoir un impact négatif sur la santé à long terme », dit Mme Fitzpatrick.

Que faire maintenant ?

Il n’est pas trop tard pour agir, soutiennent les experts. En effet, les comportements des parents peuvent favoriser de meilleures habitudes médiatiques chez l’enfant.

En effet, l’étude a révélé que les enfants de parents plus restrictifs face à l’utilisation des médias numériques étaient moins susceptibles de les utiliser plus de deux heures par jour et d’être exposés aux écrans avant l’heure du coucher.

« C’est le cas notamment des parents qui mettent des limites de temps claires ou mettent en place des règles sur les contenus auquel les enfants peuvent être exposés », indique la professeure.

Elle encourage aussi les familles à établir le plus tôt possible un horaire familial d’utilisation des écrans. « On peut fixer par exemple des règles d’utilisation pendant l’heure des repas ou avant le coucher », dit-elle.

Leurs résultats ont également suggéré que les habitudes des parents avaient une influence sur leur progéniture. « Il faut sensibiliser les parents au fait qu’ils sont un modèle pour leurs enfants », conclut la spécialiste.