(Ottawa) Le gouvernement fédéral envisage l’abandon des règles empêchant certaines nouvelles mères d’être admissibles au programme de congé parental, a indiqué la ministre de l’Emploi, Carla Qualtrough.

Elle reconnaît que ce problème peut être aigu pour les nouvelles mères à cause de la façon dont le système datant de plusieurs décennies a été conçu.

Il faut travailler pendant un certain nombre d’heures pour être admissible aux prestations de l’assurance-emploi. Ces critères doivent être respectés à l’occasion de chaque nouvelle demande.

Une nouvelle mère ayant perdu son travail et présenté une demande pour des prestations normales de l’assurance-emploi devra retravailler pendant un nombre suffisant d’heures si elle demande des prestations pour un congé parental.

Selon la ministre, ne pas pouvoir présenter une seule demande pour les prestations d’assurance-emploi et pour les congés parentaux crée une iniquité dans le système, notamment pour les nouvelles mères.

Avant la pandémie, environ le tiers des nouvelles mères n’étaient pas admissibles au programme de congé parental de l’assurance-emploi.

Au cours de la dernière année, plusieurs autres nouvelles mères n’ont pu avoir accès à un congé complet. Les circonstances se ressemblent pour de nombreuses femmes. Elles ont perdu leur emploi pendant la pandémie et n’ont pu ensuite travailler pendant un nombre d’heures suffisant à cause des restrictions mises en place depuis le début de la pandémie.

Mme Qualtrough examine des façons pour éliminer ces iniquités.

« Y parvenir serait une étape importante afin de rendre l’assurance-emploi accessible à beaucoup plus de gens afin qu’ils puissent bénéficier des prestations maximales auxquelles ils ont droit, a-t-elle dit lors d’une entrevue de fin d’année à La Presse Canadienne. Je désire ardemment m’y attaquer. Je ne sais pas encore comment on va l’aborder ou dans quel ordre on va régler tout cela, mais j’y travaille. C’est ma principale préoccupation. »

La réforme de l’assurance-emploi est l’une des principales missions de la ministre Qualtrough. Dans la lettre de mandat, le premier ministre Justin Trudeau dit s’attendre à ce qu’elle mette en place d’ici l’été 2022 « un meilleur système d’assurance-emploi qui soit plus inclusif ».

Le plan devra notamment prévoir une nouvelle prestation d’assurance-emploi pour les travailleurs autonomes canadiens pouvant s’étendre sur 26 semaines, une nouvelle prestation de 15 semaines pour les parents adoptifs et une nouvelle prestation d’assurance-carrière pour offrir aux travailleurs de longue date qui ont perdu leur emploi un revenu d’emploi additionnel pendant qu’ils tentent de réintégrer le marché du travail.

La ministre devra aussi prendre en compte les réalités des artistes et des travailleurs du secteur de la culture.

Mme Qualtrough est convaincue de pouvoir respecter la date de tombée que lui a imposée le premier ministre. En plus d’établir de nouvelles règles et de nouvelles prestations, le gouvernement devra aussi moderniser ses moyens techniques puisque le système fonctionne encore à partir de codes mis en place dans les années 1960.

Les entreprises sont plutôt nerveuses devant la réforme. Elles craignent qu’elle n’incite pas les gens à travailler. Mais Mme Qualtrough mentionne que ces préoccupations n’ont pas été soulevées lors des discussions qui se sont déroulées il y a quelques mois.

« Les entreprises pensent qu’elles ne pourront pas croître en cause du manque de personnel. Je veux leur dire qu’il faut soutenir les gens qui ne travaillent pas, a-t-elle déclaré. C’est une tension intéressante qui n’existait pas il y a six mois. »

La ministre a aussi évoqué que la prochaine réforme pourrait inclure plus de choix pour la formation et le développement au sein même du programme de l’assurance-emploi. « Ce sont deux réalités auxquelles font face les entreprises et les Canadiens », a-t-elle lancé.