Un rapport d’experts commandé par l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve (MHM) propose un nouveau tracé pour le REM de l’Est, qui entraînerait la construction d’un tunnel et une nouvelle correspondance avec la station Radisson de la ligne verte du métro.

L’étude préparée par la firme Brodeur Frenette suggère que le réseau de train automatisé bifurque vers le nord et plonge dans un tunnel tout juste à l’ouest de l’hôpital Louis-H. Lafontaine. Cette option devrait être « sérieusement étudiée », selon les auteurs, qui reconnaissent qu’une analyse plus poussée des coûts et de la faisabilité technique sera nécessaire.

Le REM de l’Est, deuxième phase du Réseau express métropolitain, est un projet de 10 milliards de dollars piloté par CDPQ Infra. Cette filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec propose de construire 32 kilomètres de rails, dont 24 seront posés sur des structures en hauteur, afin de relier le centre-ville à la pointe est et au nord-est de l’île.

« L’Est a besoin d’un réseau de transport structurant pour se développer, mais la population est préoccupée de voir un tel projet s’implanter dans leur quartier », a fait valoir à La Presse Pierre Lessard-Blais, maire sortant de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve.

IMAGE FOURNIE PAR CDPQ INFRA

Le tracé du REM de l’Est, tel que proposé par CDPQ Infra. Les limites de l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve sont en jaune.

Dans les quartiers de l’Est, tout comme au centre-ville, de nombreux résidants s’inquiètent des impacts qu’auront les structures aériennes prévues par CDPQ Infra. Plusieurs experts et hauts fonctionnaires du gouvernement québécois ont averti des nuisances potentielles, notamment en matière de pollution visuelle et sonore et d’insécurité, sous les imposantes structures.

MHM est l’arrondissement qui doit compter le plus de stations du REM de l’Est – 8 sur 23 –, mais son maire estime qu’une part importante de ses 140 000 résidants seront mal desservis en raison de l’emplacement choisi pour plusieurs stations. C’est la raison pour laquelle une étude a été commandée, afin de proposer d’autres scénarios que ceux préconisés par CDPQ Infra.

Selon l’arrondissement, l’option d’une connexion à la station Radisson permettrait une revitalisation majeure de ce secteur où se trouve la Place Versailles. En vertu de ce scénario, un tunnel serait aussi construit sous la rue Sherbrooke Est, en lieu et place des structures aériennes prévues.

IMAGE TIRÉE DU RAPPORT DE BRODEUR FRENETTE

Le scénario préconisé par les experts de la firme Brodeur Frenette propose le passage du REM de l’Est en tunnel (lignes pointillées rouges) après la station Haig.

« L’arrondissement souhaite collaborer avec la Caisse pour analyser sérieusement un scénario de gare intermodale dans le secteur Radisson et un tracé souterrain pour Mercier-Est », a fait valoir M. Lessard-Blais.

Si cette option était jugée trop chère ou trop coûteuse, l’étude propose de faire passer le REM de l’Est sur des structures aériennes le long de l’avenue Souligny, plutôt que dans la rue Sherbrooke Est – une option qui est déjà à l’étude par CDPQ Infra.

IMAGE TIRÉE DU RAPPORT DE BRODEUR FRENETTE

Ce scénario envisagé verrait le REM de l’Est longer la rue Souligny sur des structures aériennes, plutôt que de monter plus au nord vers la rue Sherbrooke Est.

Réaction de CDPQ Infra

Virginie Cousineau, directrice des affaires publiques de CDPQ Infra, indique que son groupe a pris « acte » des nouveaux tracés proposés dans l’étude. « Il faut savoir que le projet du REM de l’Est est toujours en phase de consultation et planification détaillée. Nous poursuivons les travaux des équipes de conception afin d’apporter des bonifications au projet à la lumière de nos échanges avec les citoyens, les parties prenantes et le travail du comité d’experts indépendants, ainsi que de la firme Lemay. »

Mme Cousineau souligne que le tracé actuel du REM de l’Est prévoit déjà deux correspondances avec la ligne verte du métro (aux stations Honoré-Beaugrand et L’Assomption) et qu’il doit être connecté à la future station Lacordaire du prolongement de la ligne bleue.

CDPQ Infra a publié cette semaine un avis public afin d’intéresser des fournisseurs potentiels de partout dans le monde à son projet de REM de l’Est. L’objectif est d’avoir plusieurs firmes sur les rangs lorsque les appels d’offres seront formellement lancés.

Plusieurs étapes doivent encore être franchies par le projet, dont le dépôt d’un rapport sur l’intégration architecturale, préparé par un groupe d’experts, et une analyse par le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). CDPQ Infra, qui sera propriétaire du futur réseau et en tirera des rendements, espère commencer la construction en 2023 en vue d’une entrée en service en 2029.