Amour rime avec débours à l’hôtel de ville de Lachute : une histoire d’amour entre le directeur général et la trésorière municipaux, embauchés pour remplacer leurs prédécesseurs congédiés après être eux-mêmes tombés amoureux, coûte cher à la petite ville, a appris La Presse.

Cette facétie de Cupidon a forcé la municipalité – l’une des plus pauvres du pays – à verser une indemnité de départ et à se lancer dans un nouveau processus d’embauche pour séparer le nouveau couple, au moment où elle vient de signer un chèque imposant pour régler le premier dossier.

Le conseil municipal local a approuvé lundi soir dernier un versement de plus de 2 millions pour régler le dossier de son ex-directeur général Pierre Gionet et de son ex-trésorière Nathalie Piret, limogés en 2015 après avoir noué une relation amoureuse. Des organismes paramunicipaux devront aussi verser des centaines de milliers de dollars dans le cadre de la même entente.

Ces sommes constituent une petite fortune pour la municipalité des Laurentides, dont le budget annuel est de 26 millions.

L’enquête ayant mené à la destitution des employés a été qualifiée par le Tribunal administratif du travail (TAT) de « vengeance politique » et de « vendetta personnelle » du maire Carl Péloquin à leur endroit. La justice a ordonné leur réintégration, mais les deux parties ont préféré couper les ponts.

Leur procureur n’a pas voulu commenter davantage le dossier.

Indemnité de départ

Selon nos informations, le conseil municipal de Lachute s’est récemment fait confirmer, à huis clos, que les successeurs de M. Gionet et de Mme Piret, le directeur général Benoit Gravel et la trésorière Geneviève Lachance, formaient dorénavant un couple.

Cette dernière a quitté son emploi, emportant avec elle une indemnité de départ d’« à peu près 100 000 $ », a confirmé le maire Péloquin en entrevue avec La Presse. Son poste est ouvert et la recherche d’une nouvelle trésorière se poursuit.

« Ils ont divulgué ça de la bonne façon, par écrit. Ç’a été fait selon les règles de l’art, contrairement [au dossier Gionet-Piret] », a-t-il dit. « Suite à ça, le conseil a décidé qu’il ne pouvait pas tolérer une situation de conflit d’intérêts : un DG et une trésorière [en couple] dans une ville de la grosseur de Lachute, on a eu des avis qui concluaient que c’était impossible. Il aurait fallu embaucher une tierce personne pour tout vérifier. »

« Mettons qu’on n’est pas chanceux. On pourrait aller s’acheter un billet de Loto 6/49 », a dit le maire Péloquin au sujet des problèmes amoureux de sa municipalité.

Geneviève Lachance n’est pas partie très loin et n’a pas changé de patron : c’est l’organisme parapublic de gestion des déchets de la région, Tricentris, qui l’a embauchée pour prendre en charge ses finances. Cette entité, dont le siège social est à Lachute, est dirigée par M. Péloquin. Il a assuré que Mme Lachance n’avait pas fait l’objet de traitement de faveur.

Benoit Gravel et Geneviève Lachance n’ont pas voulu commenter la situation.