L’heure de la retraite a sonné pour l’un des plus anciens policiers de Montréal toujours en service. L’inspecteur André Durocher, qui a agi comme porte-parole de son organisation sur toutes les tribunes au fil des ans, a remis son arme de service mercredi et se joindra bientôt à une importante firme de transport québécoise, où il sera responsable de la sécurité.

« C’est une des trois figures marquantes des communications au SPVM au cours des 35 dernières années, avec William Bumbray et Ian Lafrenière », a indiqué mercredi le président de la Fraternité des policiers et policières de Montréal, Yves Francœur.

Au sein du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), l’inspecteur Durocher était connu comme l’un de ceux qu’on envoyait devant les caméras pour prendre la parole lorsque ça chauffait. Mais depuis quelques années, il était aussi devenu une sorte de mémoire institutionnelle, capable de se souvenir des bons coups et des erreurs du passé, alors que la direction s’est passablement rajeunie.

« La Coupe Stanley de 1993, je m’en souviens comme si c’était hier, raconte-t-il. J’étais lieutenant. On était en réunion pour préparer le service d’ordre pour le dernier match, et il y a un très haut gradé qui a pris la parole. Il a dit : “On s’est fait pogner en 1986, là, on ne prendra pas de chance. On met le paquet !” »

Pour éviter la répétition des émeutes de 1986, les effectifs policiers avaient été considérablement augmentés. Mais ce n’était pas assez. Après la victoire, les agents ont été vite débordés. Le centre-ville a été livré au saccage. Les dommages ont été chiffrés à des millions de dollars, et les autorités ont été vertement critiquées pour ne pas avoir su reprendre le contrôle.

« On a appris du passé, il y a beaucoup de choses qui ne pourraient pas se reproduire aujourd’hui », lance le vétéran policier, sans pouvoir s’empêcher de rire.

En poste 34 ans

Natif du quartier Parc-Extension à Montréal, M. Durocher s’était d’abord joint à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en 1982. Il avait travaillé dans un bureau pour un service d’enquête à Ottawa, puis avait été affecté comme garde du corps de Pierre Elliott Trudeau après son départ de la politique. Après cinq ans de service, en quête de plus d’action au quotidien, il s’était joint à la police de Montréal, où il allait rester pour 34 années de travail additionnelles.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

André Durocher, alors qu'il était commandant en 2002

« J’ai arrêté plus de suspects dans ma première semaine de travail à Montréal qu’en cinq ans dans la GRC », lance-t-il en riant.

Il s’est fait connaître en multipliant les sorties publiques, notamment comme porte-parole de l’ensemble du service au début des années 2000, puis comme porte-parole pour la sécurité routière entre 2011 et 2016, et plus récemment comme conseiller cadre en matière de communications.

André Durocher a aussi été responsable des enquêtes-collisions pendant cinq ans. Une expérience qu’il compte utiliser dans son nouveau travail de responsable de la sécurité pour le groupe Trans-West, entreprise de camionnage longue distance spécialisée dans le transport de marchandises réfrigérées.