Deux sacs de plastique au lieu d'un. Les circulaires distribuées dans le Publisac sont parfois réparties dans deux sacs différents, à la demande de l'annonceur. Une technique publicitaire qui suscite l'indignation alors que la prolifération du plastique est un fléau de plus en plus dénoncé dans le monde.

Pour s'assurer que ses soldes d'après-Noël et ceux du Vendredi fou auraient une grande visibilité, Canadian Tire a récemment eu recours au « sac exclusif » de Publisac.

Dans les « marchés » ciblés, les circulaires hebdomadaires ont ainsi été distribuées dans deux sacs de plastique séparés : celle de Canadian Tire dans un sac transparent et les autres dans l'habituel sac blanc opaque.

Le « sac exclusif » est une option qui fait partie de l'« offre de produits » de Transcontinental, qui imprime le Publisac et le distribue dans plus de 3,5 millions de foyers au Québec, a expliqué à La Presse Katherine Chartrand, directrice principale des communications de l'entreprise.

C'est un « moyen pour les annonceurs de se démarquer », ajoute-t-elle.

Le créateur du site Antipublisac.com, Charles Montpetit, estime pour sa part que « c'est exactement le contraire de ce qui doit être fait, environnementalement parlant ».

Le Montréalais, qui milite pour que le Publisac soit livré uniquement aux gens qui en font la demande plutôt qu'à tous les foyers sauf à ceux qui déclarent ne pas vouloir le recevoir, dénonce une pratique qui « double un problème qui est déjà déplorable ».

« À Montréal seulement, il y a 900 000 sacs qui sont distribués chaque semaine. Là, ça fait passer le total à 1,8 million de sacs de plastique. »

- Charles Montpetit, créateur du site Antipublisac.com

Charles Montpetit a relevé que le « sac exclusif » a été utilisé dans son secteur au moins quatre fois depuis juin dernier, dont trois fois par Canadian Tire.

Transcontinental reconnaît que « Canadian Tire est un client chez [lui] qui a déjà utilisé le service », mais refuse de dire à quelle fréquence et de nommer les autres annonceurs qui ont demandé à ce que leur circulaire soit distribuée dans un « sac exclusif », un « produit qui fait partie de [son] offre depuis un bon nombre d'années ».

Canadian Tire n'a pas répondu aux questions de La Presse, malgré de nombreux courriels et appels téléphoniques aux responsables des communications, tant à Montréal qu'à Toronto.

« On vous invite à communiquer avec les organismes qui représentent le commerce de détail au Québec », s'est contentée d'indiquer dans un courriel une des directrices des communications, Cindy Thérèse Hoffman.

Réduire à la source

Transcontinental martèle que ses sacs de plastique, faits de polyéthylène à basse densité (LDPE), sont recyclables, tout comme les circulaires de papier.

« Avant de penser à recycler, il faut penser à réduire », rétorque Charles Montpetit.

« On voudrait que l'entreprise cesse d'utiliser des sacs de plastique et possiblement se convertisse aux enveloppes de papier », poursuit-il.

« Différents modèles » de Publisac ont été testés par le passé, dont une « pochette imprimée avec enduit », mais « c'était encore moins recyclable » en fin de compte, affirme Katherine Chartrand.

Charles Montpetit met aussi en doute l'efficacité du recyclage, puisque pour être recyclés, les Publisacs doivent être vidés de leur contenu.

« On en bien conscients », reconnaît Katherine Chartrand, qui déclare que Transcontinenal s'est engagée « à travailler de plus près avec les centres de tri » pour optimiser le recyclage de son Publisac.