(Oka) Oka demande aux gouvernements fédéraux et provinciaux d’imposer un moratoire sur le projet de rétrocession de terres aux Autochtones et de déployer un poste de la Gendarmerie royale du Canada afin de ramener l’ordre à Kanesatake.

Ces deux demandes sont incluses parmi une liste de requêtes formulées dans trois résolutions adoptées mardi soir par le conseil municipal d’Oka.

L’administration du maire Pascal Quevillon tenait sa première séance publique depuis le début de la controverse qui l’oppose au conseil de bande de Kanesatake autour de terrains qu’un promoteur souhaite donner à la communauté mohawk.

Les trois résolutions adoptées en début de séance sont respectivement adressées au gouvernement fédéral de Justin Trudeau, au gouvernement provincial de François Legault et au Conseil mohawk de Kanesatake du Grand chef Serge Otsi Simon.

Tout au long de la lecture des résolutions ainsi que lors de la période d’échange avec les citoyens qui a suivi l’adoption des demandes de la municipalité, le maire Quevillon a rappelé à quel point la communauté okoise ne cherche que la cohabitation harmonieuse avec la communauté mohawk.

À ce sujet, Oka interpelle Ottawa pour qu’il mette en place un processus de consultation qui tiendrait compte des préoccupations de ses citoyens autant que celles des résidents de Kanesatake.

L’administration du maire Pascal Quevillon voudrait aussi avoir accès aux plans des terrains visés par la négociation entre le fédéral et les Mohawks. Des terrains que la communauté autochtone veut pouvoir acheter de gré à gré.

Pour le maire, le gouvernement fédéral et les Mohawks préparent une expropriation déguisée des résidents d’Oka.

« Ils donnent de l’argent aux Autochtones pour nous racheter et annexer les terrains à leur territoire », a-t-il dénoncé en parlant de la possibilité d’une compensation financière versée par Ottawa aux Mohawks afin de leur permettre de procéder ensuite aux transactions de gré à gré.

Malgré tout, dans la déclaration officielle adoptée à l’intention du Conseil mohawk de Kanesatake, la municipalité souligne que la population est animée par une volonté de dialogue et de cohabitation harmonieuse.

Le maire a d’ailleurs mis en évidence le vivre ensemble qui perdure depuis 300 ans et les forts liens tissés entre les deux communautés.

Au cours de la période de questions, certains citoyens ont suggéré aux élus de s’adresser aussi aux autres groupes qui prétendent parler au nom de Kanesatake, dont les traditionalistes associés à la maison longue. Le maire a répondu que la Ville d’Oka parlait avec l’entité reconnue qui est le Conseil mohawk et qu’elle ne voulait pas manquer de respect au Grand chef Simon.

La GRC nécessaire, selon le maire

Le maire Pascal Quevillon insiste sur la nécessité de déployer un corps de police distinct à Kanesatake et selon lui, c’est la GRC qui est la mieux placée.

Il estime essentiel qu’un service de police rétablisse la paix et s’assure du respect de la loi dans la communauté autochtone. M. Quevillon fait notamment référence à la présence de commerces illégaux de vente de cannabis.

Selon lui, c’est le seul moyen de permettre aux deux communautés d’aller de l’avant et de travailler conjointement au développement économique de Kanesatake et d’Oka.

Toujours pas d’excuses

Par ailleurs, si le Grand chef Serge Otsi Simon réclamait des excuses du maire pour des propos qu’il avait qualifiés de racistes, il devra encore attendre.

En réponse à la question d’un citoyen qui lui demandait d’offrir ses excuses pour permettre de relancer les discussions dans l’intérêt de tous, M. Quevillon a laissé le choix aux citoyens présents. Ceux-ci ont clairement répondu « non » à très forte majorité.