Le philosophe québécois Charles Taylor s'est dit «ému» et «honoré» d'avoir reçu le tout premier prix Berggruen, qui a été créé dans objectif de réconcilier les grandes cultures dans le monde, a-t-il rappelé.

Le prix, annoncé tard mardi, est accompagné d'une bourse de 1 million $ US remise par l'Institut Berggruen, un groupe de réflexion californien non partisan fondé en 2010.

Dans un communiqué, l'Institut a précisé que le professeur de 84 ans de l'Université McGill était le premier lauréat du prix, qui sera remis annuellement à un penseur «dont les idées ont une grande importance pour former la compréhension de l'humain et contribuer à l'avancement de l'humanité».

«Ça m'émeut beaucoup parce que c'est quelque chose qui me tient à coeur. J'essaie en quelque sorte de contribuer à ce but dans mon travail. Le fait qu'on reconnaisse que mon travail a une pertinence pour cela, ça me fait chaud au coeur», a-t-il confié en entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

Charles Taylor est bien connu au Québec pour avoir coprésidé, avec Gérard Bouchard, la commission Bouchard-Taylor, qui se penchait sur les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles.

L'Institut affirme que sa mission est de «développer des idées fondatrices» et de les utiliser pour contribuer à former les institutions politiques et sociales du XXIe siècle.

Son fondateur, le philanthrope et investisseur Nicolas Berggruen, a rendu hommage à M. Taylor, qui a été choisi par un jury indépendant en raison de ses contributions à différents enjeux des sciences sociales, des affaires publiques et des sciences humaines.

M. Taylor recevra son prix au cours d'une cérémonie qui se tiendra à New York, le 1er décembre.

À cette occasion, le professeur livrera un discours qui portera sûrement sur la réconciliation entre les différentes civilisations du monde, a-t-il précisé.

«La perception de Nicolas Berggruen, c'est qu'il y a des difficultés à se comprendre entre ceux qui agissent à l'intérieur de telle civilisation et ceux qui agissent dans les autres. Ça crée des difficultés énormes pour la politique», a-t-il dit, citant l'exemple de l'invasion de l'Irak par l'administration de George W. Bush en 2003, qui reposait sur «une perception très imparfaite de la civilisation dans le monde arabe».