Le gouvernement tient mordicus à l'emplacement du futur monument commémoratif aux victimes du communisme et refuse catégoriquement que le site soit plutôt réservé à la construction d'«un autre édifice parlementaire ennuyant».

Les conservateurs ont de nouveau opposé une fin de non-recevoir à ceux qui remettent en question le choix du terrain, qui se trouve tout près de la Cour suprême du Canada, au pied de la colline du Parlement, à Ottawa.

Le Parti libéral du Canada (PLC) a joint sa voix au concert de critiques entourant ce projet, jeudi, en prenant bien soin de signaler que sa sortie ne devait aucunement être interprétée comme un désaveu du monument comme tel.

«Au contraire, nous pensons qu'il est important que le Canada ait un monument dédié aux victimes du communisme, et que c'est notre devoir moral de nous souvenir de ces atrocités», a plaidé M. Dion, l'un des députés libéraux qui a porté le message en conférence de presse au Parlement.

Mais celui-ci ne devrait pas être construit près de la Cour suprême comme le souhaite le gouvernement, car l'espace qu'il occuperait devrait être réservé à la Cour fédérale, bâtiment qui viendrait concrétiser le projet de «triade d'édifices juridiques», a-t-il soutenu.

L'Institut royal d'architecture du Canada (IRAC) avait abondé dans le même sens, le 5 février dernier, ajoutant qu'un «site national d'une aussi grande importance devrait refléter l'impartialité et les aspirations apolitiques du système de justice du Canada».

Le maire de la capitale nationale, Jim Watson, avait lui aussi effectué une sortie publique pour signaler son opposition au choix du site. Il s'agirait carrément d'une «plaie» sur cette portion de la rue Wellington, au bas de la colline du Parlement, a tranché le maire.

Le gouvernement a catégoriquement de nouveau exclu, jeudi, la possibilité de relocaliser le monument - et ce, deux fois plutôt qu'une.

Le ministre responsable de la Commission de la capitale nationale (CCN) ne croit pas en la pertinence de réserver le site à la pièce manquante du projet de triade d'édifices juridiques (la Cour fédérale s'ajouterait à la Cour suprême et à l'édifice de la Justice), qui viendrait équilibrer la triade d'édifices gouvernementaux (édifices de l'Est, du Centre et de l'Ouest).

«J'ai parlé à mes commettants, et il n'y a personne qui pense qu'on devrait mettre un autre édifice parlementaire ennuyant au centre-ville d'Ottawa», a résumé Pierre Poilièvre en point de presse, jeudi après-midi.

La ministre du Patrimoine, Shelley Glover, a elle aussi balayé du revers de la main la requête formulée jeudi par le PLC, faisant remarquer que le chef du parti, Justin Trudeau, «connaissait l'emplacement du monument lorsqu'il a envoyé sa lettre de soutien pour le projet».

Par voie de communiqué, elle a accusé les libéraux d'être essentiellement en train de dire «aux huit millions de Canadiens qui peuvent retracer leurs origines aux pays affectés par le fléau du communisme qu'ils ne méritent pas un site de premier plan pour leur lieu de mémoire collective».

Les ministres conservateurs Jason Kenney et Chris Alexander avaient révélé l'emplacement sélectionné en août 2013 à l'occasion de la journée du Ruban noir, le jour officiel de la commémoration des victimes du communisme et du nazisme en Europe.

Patrimoine Canada écrit sur son site que le monument «sensibilisera le public aux crimes du communisme et rendra hommage aux plus de 100 millions de personnes dans le monde qui ont péri ou souffert sous la tyrannie communiste».

L'inauguration des «éléments majeurs» du monument, qui doit être bâti au coût de 5,5 millions $, est prévue à l'automne 2015, selon le même ministère.

Le groupe Tribute to Liberty, qui a été chargé de la réalisation du projet, est composé de membres qui sont donateurs du Parti conservateur, a souligné Le Devoir dans son édition du 6 février dernier.

Selon le quotidien, quatre d'entre eux, dont le président Ludwik Klimkowski, ont ensemble donné plus de 4000 $ au parti de Stephen Harper.