Le maire de Saint-Rémi, Michel Lavoie, entend bien briguer de nouveau la mairie en novembre prochain même si une menace de destitution plane sur lui.

En plus d'être sous le coup d'accusations criminelles, le premier magistrat de la petite municipalité montérégienne est visé par une poursuite déposée en avril par l'une de ses concitoyennes, Sylvie Boyer.

Cette dernière s'est prévalue des dispositions prévues par la nouvelle loi 10, adoptée en mars dernier par le gouvernement du Québec dans la foulée des scandales qui ont éclaté dans certaines administrations municipales de la province.

«Il n'a plus les qualités requises pour nous représenter, c'est tout simplement ça. Je ne veux pas être représentée par quelqu'un qui a des accusations criminelles qui pèsent contre lui», a résumé l'instigatrice de la poursuite, qualifiant de «particulières» et de «téméraires» les velléités électorales de Michel Lavoie.

Car malgré ses démêlés judiciaires, le premier magistrat s'accroche à son siège - il est d'ailleurs le seul maire épinglé par l'Unité permanente anticorruption (UPAC) à n'avoir pas claqué la porte, a confirmé Anne-Frédérick Laurence, responsable des relations avec les médias de l'escouade.

Au moment de faire son entrée dans la salle d'audience du Palais de justice de Montréal, lundi après-midi, M. Lavoie a refusé de dire s'il estimait toujours avoir la crédibilité pour se lancer dans la course à la mairie.

«Je n'ai pas de commentaires à faire là-dessus, a-t-il tranché. Ce sera aux gens d'en décider.»

Le maire Lavoie fait face à des accusations de complot, de fraude et d'abus de confiance. Il aurait notamment utilisé le pouvoir que lui confère son statut de maire afin de s'assurer que des projets soient développés et construits par ses proches et partenaires d'affaires.

La constitutionnalité de la législation était au coeur des débats en cette première journée d'audience.

En vertu de la loi 10, la Cour supérieure peut déclarer qu'un élu municipal peut être relevé provisoirement de ses fonctions s'il fait l'objet d'une poursuite pour une infraction punissable de deux ans d'emprisonnement ou plus et est incapable d'exercer ses fonctions.

«La loi a été instituée pour que ce soit simple. Ce que nous dit le législateur, c'est qu'il doit y avoir une accusation au criminel en lien avec la fonction d'un élu municipal et que ça doit déconsidérer l'administration municipale», a résumé Marc-Antoine Cloutier le directeur de la clinique juridique Juripop.

Ce n'est pas l'avis de l'avocat qui représente le maire Lavoie, selon qui la législation porte atteinte à la présomption d'innocence en plus d'être nettement trop floue.

Les audiences doivent se conclure mardi.