Dix ans. C'est la diminution de l'espérance de vie pour un gros fumeur de 25 ans, par rapport à un non-fumeur. L'impact est deux fois plus important que celui de l'alcool et trois fois celui de l'obésité.

Pour une femme, la différence est légèrement plus grande, 11 ans. Ces chiffres d'un groupe de recherche danois montrent que le tabagisme est dans une catégorie à part comme facteur de risque. La cigarette, qui est de nouveau sur la sellette à cause d'un procès en recours collectif à Montréal, contribue à 28 morts par jour au Québec, 21 fois plus que les accidents de la route, selon le Conseil québécois sur le tabac et la santé.

Seule l'activité physique, avec une différence de sept ans pour les hommes, s'approche de l'impact du tabagisme, selon l'étude danoise, publiée en 2007 dans le Scandinavian Journal of Public Health. Pour les femmes, l'impact d'une grande consommation d'alcool, de l'inactivité et de l'obésité est moins important que pour les hommes, ce qui rend le tabagisme comparativement encore plus grave.

Une étude australienne de 1999 a sensiblement établi le même palmarès. Elle incluait aussi l'hypertension, qui était plus grave que l'alcool, mais moins que l'inactivité pour ce qui est de la diminution de l'espérance de vie.

«On nous a demandé de faire cette analyse pour voir quels investissements de santé publique faire en priorité», explique Henrik Bronnum-Hansen, de l'Université de Copenhague, qui est l'auteur principal de l'étude. «Il est impressionnant de voir à quel point la cigarette est dans une classe à part.»

Ces chiffres sont adaptés pour tenir compte de la qualité de vie. Par exemple, un non-fumeur de 25 ans peut s'attendre à vivre encore 54 ans. Mais cela équivaut à 49 ans de vie avec une bonne qualité de vie. Un gros fumeur (plus de 15 cigarettes par jour) vivra 45 ans, l'équivalent de 39 ans avec une bonne qualité de vie.

La fin de vie des fumeurs est plus difficile. Une autre étude du même chercheur, sur l'espérance de vie à 30 ans en fonction du tabagisme et du niveau d'éducation, montre qu'un non-fumeur peut espérer passer 82% de sa vie en bonne santé, contre 69% pour un gros fumeur. La différence est encore plus marquante pour les gens se situant dans le tiers le plus éduqué de la société: 90% pour les non-fumeurs, 71% pour les gros fumeurs.

«Quand on y regarde de plus près, on voit que la différence n'est pas au niveau du risque de maladie chronique, dit M. Bronnum-Hansen. Il ne bouge pas beaucoup. L'état de santé des fumeurs est généralement moins bon et leurs maladies chroniques seront pires.»

Cette deuxième étude permet de comparer le tabagisme au niveau d'éducation pour ce qui est de l'espérance de vie. La différence totale est faible, deux ans pour les hommes. Mais les hommes éduqués passent beaucoup plus de temps en bonne santé que les moins éduqués - 90% contre 73%. Chez les femmes, ces écarts sont plus faibles.