La situation restera difficile pour le Groupe Canam jusqu'au printemps prochain, a prévenu hier le président et chef de la direction de l'entreprise beauceronne, Marcel Dutil.

«Depuis le dernier mois et demi, les affaires ne sont pas à la hausse, mais au moins elles ont cessé de reculer», a d'abord déclaré le dirigeant au cours de la téléconférence tenue pour commenter les résultats du troisième trimestre.

«Les quatre premiers mois de 2010 s'annoncent difficiles parce que notre carnet de commandes sera alors peu garni et composé de plusieurs contrats à faibles marges bénéficiaires en comparaison avec le début de 2009», a toutefois ajouté M. Dutil.

Au cours de la période de trois mois qui a pris fin le 26 septembre, Canam a enregistré un bénéfice net de 4,4 millions de dollars (10 cents par action), en baisse de 70,7% par rapport aux 15 millions (31 cents par action) dégagés pendant le même trimestre de l'an dernier.

Les analystes sondés par Thomson Reuters tablaient en moyenne sur un bénéfice par action de 19 cents.

Le chiffre d'affaires a dégringolé de 33,7% pour s'établir à 144,7 millions, tandis que la marge brute a atteint 19,5% des ventes, comparativement à 21,4% il y a un an.

Ces baisses s'expliquent principalement par l'effondrement du marché des poutrelles d'acier, celles-ci représentant encore plus de la moitié des revenus de Canam. L'entreprise a aussi souffert d'un accroissement de la concurrence et, par conséquent, d'une baisse des prix.

De plus, Canam n'entrevoit pas de reprise rapide pour sa filiale Hambro, spécialisée dans les planchers de béton destinés au secteur multirésidentiel. À l'étranger, la filiale roumaine de Canam a réussi à dégager des profits, mais les activités asiatiques ont fait leurs frais de justesse.

Gros contrat à Vancouver

Par contre, les affaires vont bien pour la filiale Structal-ponts, le plus important fabricant de ponts en acier au Canada, qui est actif également aux États-Unis. L'entreprise continue d'augmenter sa capacité de production dans ce secteur qui lui permet de relever ses marges.

«Nous pensons que cela nous aidera à gagner une plus grande part de ce marché, particulièrement aux États-Unis», a affirmé le président et chef de l'exploitation de Canam, Marc Dutil.

Le secteur de la construction métallique lourde a également bien résisté à la récession. Hier, Canam a dit avoir reçu une lettre d'intention pour la construction du plus grand toit rétractable à câbles au monde, qui remplacera le dôme gonflable du stade BC Place, à Vancouver. Valeur du contrat: 100 millions.

La valeur du carnet de commandes de Canam s'élevait à 290 millions à la fin de septembre, comparativement à 239 millions au 27 juin et à 313 millions à la fin 2008.

400 millions en commandes

Avec le contrat de BC Place, le carnet de commandes frisera les 400 millions, mais une bonne partie de ces revenus ne se matérialiseront pas avant le deuxième semestre de 2010, a souligné Marcel Dutil. En outre, les grands projets comme celui de BC Place ont tendance à être moins rentables que les plus petits, a-t-il fait remarquer.

La direction s'est félicitée d'avoir réussi à clore un 21e trimestre rentable consécutif en dépit de la crise qui frappe l'industrie de la construction en Amérique du Nord. La situation est particulièrement mauvaise aux États-Unis, mais encore pire en Ontario, a précisé Marc Dutil.

L'entreprise a réussi à réduire sa dette nette à tout juste 8,5 millions, comparativement à 66 millions à la fin de juin, grâce principalement à la diminution des stocks et des débiteurs.

Canam compte 12 usines au Canada et aux États-Unis et emploie plus de 2500 personnes. L'entreprise est aussi présente en Roumanie et en Inde, en plus de détenir des participations dans des sociétés en Arabie Saoudite, dans les Émirats arabes unis et en Chine.

Hier, à la clôture de la Bourse de Toronto, l'action de Canam s'échangeait à 6,96$, en hausse de 1 cent.