La direction du CHUM a cherché à confondre les sceptiques et à rassurer ceux qui doutent encore de la réalisation du nouveau centre hospitalier, mercredi, en confirmant que le budget de 1,5 milliard $ sera respecté, ainsi que l'échéancier de décembre 2013.

«Que n'a-t-on pas dit depuis un certain temps au sujet du CHUM centre-ville», a affirmé le président du conseil d'administration du Centre hospitalier de l'Université de Montréal, Patrick Molinari.

«Il aurait pris beaucoup de retard. Il défoncerait les budgets. Il n'aurait pas assez de lits, de médecins, de blocs opératoires. Il serait coincé dans son quadrilatère sans possibilité d'expansion et mieux encore, il ne se ferait tout simplement pas. Or, non seulement il se fera, mais il se fait déjà tous les jours», a-t-il ajouté.

Au cours d'une longue rencontre avec la presse, la haute direction du CHUM a tenu à remettre les pendules à l'heure, après que le projet eut été critiqué par la Fédération des médecins spécialistes du Québec, notamment, qui se plaint du site, le 1000 de la rue St-Denis, trop à l'étroit selon elle pour une expansion future.

Son président, le docteur Gaétan Barrette, s'était aussi plaint du fait que plusieurs spécialistes seraient mis de côté et devraient aller travailler ailleurs. Il avait aussi déploré que le projet de CHUM sur le site de l'Hôpital Saint-Luc en était un de «rafistolage» qui ne séduirait pas les gens d'affaires, qui ne voudraient pas y investir.

La direction du CHUM a donc défendu son projet, répétant qu'il serait construit sur le site du 1000 Saint-Denis, doté de 700 lits comme prévu. L'hôpital Notre-Dame, tout près, sera un hôpital général qui desservira sa communauté avec ses 300 lits, géré non pas par le CHUM mais par le Centre des services sociaux Jeanne-Mance, comme tout hôpital rattaché à un CSS.

Elle assure que les 700 lits seront suffisants pour répondre aux besoins, même l'enseignement et la recherche, en plus des soins. «Ca n'existe plus des hôpitaux de 1000 ou 1200 lits, c'est révolu. Déjà le CHUM avec 700 lits, va être un des plus gros», a soutenu le docteur Guy Breton, conseiller spécial au CHUM. «Plus gros, ce n'est pas toujours mieux», a-t-il ajouté.

La direction assure aussi que le CHUM bénéficiera d'une capacité d'expansion de 50 000 mètres carrés sur ses terrains et qu'il n'y a donc pas lieu de s'inquiéter à ce sujet.

À ce jour, elle prévoit également respecter son budget de 1 518 000 000 $ en dollars de 2006.

Quant à l'affirmation du docteur Barrette voulant que le tiers des médecins spécialistes n'auraient plus leur place au CHUM, puisque certaines activités se retrouveront plutôt à Notre-Dame, le docteur Breton a aussi corrigé le tir. Il affirme que ce sera plutôt entre 10 et 15 pour cent de médecins en moins au CHUM, puisqu'il y aura aussi attrition. «Il n'y aura pas de diminution de service sur l'île de Montréal», car ces médecins iront tout simplement travailler ailleurs, a-t-il pris soin de préciser.

Quant à l'échéancier de décembre 2013, la direction estime toujours pouvoir le respecter. «Chaque jour de retard, chaque jour que nous reportons le démarrage du projet CHUM, il en coûte 100 000 $ au projet, c'est 36 millions $ par année en pure perte», a prévenu M. Molinari.

Par ailleurs, le directeur général par intérim du CHUM, Serge Leblanc, a nié que le centre était en discussion avec le chanteur Garou pour implanter une clinique privée à proximité du CHUM avec restaurant et autres services. «Le CHUM n'a aucune discussion et aucune entente quelconque avec quelque clinique privée que ce soit. La seule chose sur laquelle le CHUM travaille, c'est une clinique médicale spécialisée», a rectifié M. Leblanc.

M. Molinari a toutefois ajouté qu'il n'allait «pas s'autoflageller» parce que le CHUM allait servir de pôle pour attirer des pharmacies, des laboratoires, des centres privés de recherche, des restaurants, des hôtels qui offriront de réserver des chambres aux familles des patients. Mais «on n'a rien à cacher», a-t-il juré.