Même si la vente de sa propriété lui a rapporté 1,5 million, Jean Lafleur, l'un des principaux acteurs du scandale des commandites, se dit incapable de payer ses dettes. Il a déclaré faillite cette semaine alors qu'il doit toujours près de 1,7 million au fisc et au gouvernement fédéral.

Selon un document produit en cour mardi, le publicitaire déchu a tiré 1 447 266$ de la vente de sa propriété du chemin du Mont-Écho, à Sutton, en février 2005. L'un de ses avocats a acheminé cette somme au Lichtenstein, un paradis fiscal. Une partie de l'argent a été investie en Chine, au Costa Rica et au Belize. Avec le reste, il affirme avoir acheté des meubles, séjourné en Amérique centrale et voyagé en Europe.

Mais aujourd'hui, l'ex-président de Lafleur Communication marketing se dit ruiné. Toujours d'après le document, ses investissements ne vaudraient plus que 12$. Il lui resterait 2000$ en argent comptant et des meubles valant 6000$.

Jean Lafleur a plaidé coupable à 28 accusations de fraude pour sa participation au programme fédéral des commandites. Il a reconnu avoir fabriqué 76 factures sur lesquelles figuraient des honoraires gonflés, entre septembre 1996 et mars 2000. Il a aussi réclamé des paiements pour du travail qu'il n'a pas réalisé. En juin 2007, la Cour l'a condamné à 42 mois de prison et lui a ordonné de rembourser 1,5 million au gouvernement.

Jusqu'à maintenant, Lafleur a remboursé 235 000$. Il doit toujours 174 000$ à Revenu Québec, 181 000$ à Revenu Canada et 1,3 million au Procureur général du Canada.

Le gouvernement a également intenté un recours civil de 6,5 millions pour récupérer les sommes qu'il aurait versées en trop au publicitaire. La cause doit être entendue à l'automne.

Sceptiques

Les avocats d'Ottawa sont sceptiques devant le brusque revers de fortune de Lafleur. Ils veulent savoir où est passé l'argent et s'adresseront aux tribunaux pour forcer le publicitaire à s'expliquer.

«On veut savoir ce qui est arrivé aux actifs qui sont disparus, a indiqué Me Sylvain Lussier, qui représente le gouvernement fédéral. Ils ont possiblement disparu, mais on a besoin de poser des questions.»

En six ans, l'ex-président a reçu 65 millions en commandites, dont 36 millions en honoraires. Son témoignage échevelé devant la commission Gomery a été marqué de nombreux oublis. Il a été libéré de prison au début de l'année après avoir purgé le sixième de sa peine.

Son fils Éric, qui était sous-traitant à l'époque du programme des commandites, a conclu avec Ottawa une entente à l'amiable dan laquelle il s'engage à verser 150 000$ au cours des 10 prochaines années.

L'avocat de Jean Lafleur, Claude Lamarre, n'était pas en mesure de commenter l'affaire hier.