Plus de la moitié des 61 constats d'infraction remis aux camionneurs de la Ville de Montréal par les contrôleurs routiers depuis 2006 concerne une surcharge de poids. De quoi faire rougir la Ville qui injecte toujours plus d'argent dans la lutte contre les nids-de-poule.

Dans le reste de la province, la surcharge de poids des camions ne représente que le quart des constats d'infraction émis par les contrôleurs routiers.

L'Association canadienne des automobilistes s'indigne. «La Ville de Montréal investit beaucoup dans la voirie. Elle veut même introduire du péage pour financer ses chantiers. Mais est-ce qu'on va payer pour détruire nos routes?» demande Sophie Gagnon, directrice des relations publiques de l'organisme.

Le ministère des Transports du Québec estime qu'un camion en situation de surcharge équivaut au passage de 30 000 automobiles. «Ça a un effet dévastateur sur la chaussée. Les camions trop lourds mettent une pression considérable sur le réseau routier», soutient Mme Gagnon.

Darren Baker, l'attaché de presse du maire Gérald Tremblay, n'est pas du même avis. «Ce n'est pas 20 ou 30 camions lourds, mais plutôt les années de sous-financement de l'administration précédente qui ont causé les nids-de-poule.»

La Ville a injecté 140 millions dans la réparation de nids-de-poule en 2007, et 181 millions se sont ajoutés à cette somme cette année. Les cols bleus de la ville réparent 40 000 nids-de-poule par année.

Les camionneurs municipaux pris en flagrant délit de surcharge de poids semblent, par ailleurs, en hausse. Selon le quotidien The Gazette, en 2006, huit constats ont été remis à des camionneurs comparativement à 14 en 2007. Depuis le début de l'année, déjà 10 amendes ont été remises à des camions surchargés. Les 32 contraventions ont coûté 16 000$ aux arrondissements de Montréal.

La Ville relègue la responsabilité des surcharges de poids aux arrondissements concernés. «On ne parle pas d'une crise. Il n'y avait que 14 camions avec une surcharge l'année passée», affirme M. Baker.

«Personne n'est au-dessus de la loi», s'est contenté de dire le maire Gérald Tremblay.

Étant donné que les contrôles sont effectués de manière occasionnelle à Montréal, Marc Cadieux, président directeur général de l'Association du camionnage du Québec, croit que les 32 contrevenants ne représentent que la pointe de l'iceberg. «Dans un contexte où il y a des vérifications aléatoires comme à Montréal, on peut certainement présumer que si les inspections devenaient régulières, il y aurait infiniment plus de constats émis.»

«Si on exige l'excellence du secteur privé, on devrait être encore plus exigeant pour des organismes qui sont eux-mêmes responsables de faire appliquer la réglementation», ajoute-t-il.

La Société de l'assurance automobile du Québec a procédé à 146 vérifications sur les camions de la Ville de Montréal entre janvier 2006 et mai 2008. Les autres infractions concernaient par exemple des pneus dégonflés, une mauvaise catégorie de permis pour le véhicule conduit ou des freins en mauvaise condition.