Une activité gratuite au bord de l’eau aussi plaisante qu’instructive ? Beaucoup de parents et de gens qui fréquentent régulièrement les musées seront ravis d’apprendre que l’on peut visiter gratuitement la centrale hydroélectrique de la Rivière-des-Prairies. En fait, il y a 16 installations d’Hydro-Québec que le public peut voir, sans dépenser un cent, pendant l’été.
C’est en route vers le 3400, rue du Barrage, à Laval, que l’on se rend compte à quel point on peut oublier que Montréal et Laval sont une île. Des riverains mènent une vie au bord de l’eau fort différente de celle des citadins des quartiers centraux.
Nous avons fait la première des quatre visites gratuites offertes au public chaque jour à la centrale de la Rivière-des-Prairies.
Dès le départ, nous étions impressionnés par le point de vue donnant sur l’île du Cheval-de-Terre – dont nous ignorions l’existence –, reliée à Laval par la seule centrale située en plein cœur du plus grand centre de consommation d’énergie au Québec.
À l’intérieur du centre d’interprétation situé à l’accueil, nous avons appris que la construction de la centrale entre 1928 et 1930 coïncide pratiquement avec l’arrivée de l’électrification à Montréal. Le nombre de Montréalais qui payaient pour des services d’électricité a bondi de 10 471 en 1903 à 175 315 en 1924, alors que la demande pour le gaz a chuté.
L’édifice de la centrale de la Rivière-des-Prairies se distingue par son architecture de style Art déco, car l’entreprise Montreal Light Heat And Power – bien avant la nationalisation de l’électricité – voulait impressionner des clients potentiels et dorer son image, nous explique notre guide Noël Auguste. « Nous étions en plein krach boursier », rappelle-t-il.
Seulement une de ses six turbines est actuellement en fonction – et une deuxième en maintenance –, donc sa production est minime par rapport à d’autres grandes centrales du Nord-du-Québec, mais celle de la Rivière-des-Prairies est « la plus colorée du Québec », a souligné notre guide.
À l’intérieur de la centrale, la peinture en rouge, bleu et jaune – qui date de l’ouverture des lieux au public, en 1977 – vient du modernisme et du mouvement néerlandais De Stijl, qui préconisait le retour aux couleurs primaires.
« Vous êtes en train de marcher sur l’eau », a ensuite lancé le guide dont l’image d’une machine à voyager dans le temps pour représenter la centrale a beaucoup séduit les jeunes enfants de notre groupe de visiteurs.
C’est d’ailleurs son intérêt pour les barrages et la production d’hydroélectricité qui a amené Maxime Moussally, 12 ans, à inciter ses parents à fouiller sur le web pour y apprendre que l’on peut visiter des centrales d’Hydro-Québec gratuitement. Ailleurs au Québec, on peut notamment visiter la centrale Manic-5 et le barrage Daniel-Johnson (Côte-Nord), la centrale de Carillon (Laurentides) et, sur le territoire d’Eeyou Istchee Baie-James, l’aménagement Robert-Bourassa.
Il faut savoir que celle de la Rivière-des-Prairies est une centrale au fil de l’eau, et non à réservoir avec un barrage. On se sert tout simplement de la force mécanique du courant pour produire de l’électricité. La centrale crée une chute de huit mètres d’eau entre l’amont et l’aval de la rivière.
L’effet J’aime Hydro
Nous faisons partie des gens dont le rapport à Hydro-Québec et à la consommation d’énergie a changé après avoir vu la pièce de théâtre documentaire J’aime Hydro, de Christine Beaulieu. Depuis, nous avons un intérêt pour tout ce qui touche à la production d’électricité.
Pendant notre visite, Noël Auguste a parlé de « l’électricité de demain » en soulignant l’existence à Lac-Mégantic du premier microréseau électrique îlotable du Québec, qui comprend 2000 panneaux solaires, des appareils de domotique et un système de commande centralisé en mesure d’alimenter en partie le nouveau centre-ville (en renouveau depuis la tragédie ferroviaire). Depuis cette année, ce « laboratoire » fait partie des sites d’Hydro-Québec que l’on peut visiter gratuitement.
Une intervention d’un visiteur de la Suisse, Eric Pashe, marié à une Québécoise, a aussi permis aux autres membres du groupe d’apprendre qu’en Suisse, une nouvelle réglementation exige que les nouveaux bâtiments comprennent des panneaux solaires. C’est là que le guide Noël Auguste a parlé des nouveaux panneaux bifaciaux (« recto-verso ») que l’on retrouve à La Prairie et à Varennes, et du parc solaire qui a permis à la communauté de 400 habitants de Quaqtaq, située dans l’extrême nord du Québec, de diminuer grandement ses besoins en gaz.
Une centrale de près de 100 ans
La centrale hydroélectrique de la Rivière-des-Prairies permet d’alimenter environ 5770 foyers avec une puissance de 12 MW. Hydro-Québec s’interroge actuellement sur l’avenir de la centrale dont l’âge est vénérable.
Une raison de plus pour la visiter avec un casque de chantier et des écouteurs pour amoindrir le bruit des turbines.
Sous l’eau, apprendrez-vous à la fin de la visite, il y a même des ultrasons qui reproduisent les sons des dauphins. Mais on ne vous en dit pas plus...
Toutes les visites sont gratuites, mais les réservations sont obligatoires au moins 24 heures à l’avance.
Apprenez-en plus sur les visites des installations d’Hydro-Québec-
- 85 000
- Nombre de personnes par année qui visitent les centrales et centres d’interprétation d’Hydro-Québec pendant la période estivale
Source : Hydro-Québec