Accessible et offert en location à des prix abordables, le scooter peut s’avérer un formidable moyen de transport pour partir à la quête de trésors urbains méconnus, y compris à Montréal et dans ses environs. Cette semaine, Sylvain Sarrazin papillonne sur la Rive-Sud entre ses parcs côtiers et les cœurs historiques des villes et villages du coin, ravitaillements sucrés inclus.

Scooter ! Quand le mot a été lâché dans la salle de rédaction (virtuelle), cela m’a propulsé tout droit vers mon adolescence, quand mon fidèle Speedake figurait parmi mes meilleurs potes de l’époque. Aujourd’hui, il ne s’agit plus de sillonner les chemins du Pays basque, mais de découvrir des aires de la Rive-Sud m’étant peu familières, pointées par mon collègue Pierre-Marc Durivage, fin connaisseur — et résidant – des environs. Constat : derrière les lacets autoroutiers subsistent encore les tissus d’une âme villageoise, propices à l’exploration en Vespa.

Un pont passé-présent

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

La vitesse est limitée à 50 km/h sur le pont Victoria. Heureusement, car la chaussée métallique n’offre pas une adhérence optimale pour les deux-roues.

Conduire un scooter, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Dès les premiers coups de gaz, on renoue avec la caresse de la brise, le sentiment d’embrasser les rues, d’être injecté dans les veines de la ville. Partant de l’agence de location, nous voici à pavaner le long du Vieux-Port, en direction du pont Victoria qui me mènera à destination. Mon rétroviseur mental me renvoie aussitôt à ces anciennes virées à deux roues le long de la plage d’Hendaye. Mais c’est devant qu’il faut regarder, car le pont se profile, avec sa chaussée grillagée en métal peu hospitalière pour de petites jantes : on a l’impression de rouler sur une savonnette ! Mais en se décrispant, on laisse le guidon faire le travail et nous voici de l’autre côté du fleuve.

Entre Le Havre et le parc du Havre

  • Le parc du Havre offre une vue sur le pont Champlain. Malgré la présence de l’autoroute en arrière, des badauds viennent se reposer ou pêcher.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Le parc du Havre offre une vue sur le pont Champlain. Malgré la présence de l’autoroute en arrière, des badauds viennent se reposer ou pêcher.

  • On aime la Rive-Sud pour la vue qu’elle offre sur Montréal.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    On aime la Rive-Sud pour la vue qu’elle offre sur Montréal.

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Le défi du parcours se présente vite : se frayer un chemin en évitant les voies de desserte. Mieux vaut établir son trajet à l’avance pour éviter le rodéo routier. En tricotant un peu, nous voici au parc du Havre, une bande verte le long du fleuve offrant un beau panorama sur Montréal et le pont Champlain, où des badauds relaxent et pêchent. À peine le scooter stationné, on sent qu’il intrigue. Un passant s’approche et voilà le moteur conversationnel lancé : admiratif de la Vespa, ce résidant de longue date de Saint-Lambert embraye sur des bribes d’enfance en Normandie — il avait 4 ans lors du Débarquement. Mais ici, au paisible parc du Havre, la guerre paraît bien loin.

Oh, tu tires ou tu pointes ?

  • La place principale, large et accueillante, parfaite pour une petite pause

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    La place principale, large et accueillante, parfaite pour une petite pause

  • On trouve une concentration de maisons historiques dans ce lieu qui mérite un détour.

    PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

    On trouve une concentration de maisons historiques dans ce lieu qui mérite un détour.

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Ma perception du parcours serait-elle déformée par l’association du scooter à l’adolescence ? L’escale suivante, le Vieux La Prairie, présente des airs de village du sud de la France : maisons historiques en brique, grande place principale respirant l’insouciance, ambiance de détente. Y garer la Vespa apporte la touche finale de la carte postale ! Ici, on s’arrête pour un café ou un sandwich gourmand (nous avons opté pour rillettes de canard, confit d’oignons et beurre à la moutarde) au Quartier Général, avant de déambuler dans les ruelles, pour tomber sur un confiseur à l’ancienne, Chez bonbons comme autrefois, où nous puisons des douceurs au sel de mer. Un geste qui inaugurera une nouvelle thématique du parcours : découvrir la « Rive-Sucre ».

Sous la jupe de Candiac

  • Le parc André-J.-Côté, à Candiac, est une autre aire de repos aménagée sur les bords du fleuve.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Le parc André-J.-Côté, à Candiac, est une autre aire de repos aménagée sur les bords du fleuve.

  • La maison Hélène-Sentenne, un édifice patrimonial à vocation civique et culturelle

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    La maison Hélène-Sentenne, un édifice patrimonial à vocation civique et culturelle

  • L’amphithéâtre promet de belles soirées musicales sur les bords du fleuve.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    L’amphithéâtre promet de belles soirées musicales sur les bords du fleuve.

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Cap sur Candiac, où le paisible parc André-J.-Côté nous accueille à bancs ouverts. La belle vue dégagée sur le fleuve et le coup d’œil original sur Montréal nous font changer d’air ! Est-ce l’Oratoire qui se dessine au loin ? En tentant de vérifier sur la carte, on constate surtout que pile en face se trouve… l’île aux Caleçons. Culotté, non ? Là encore, un promeneur nous aborde pour parler du scooter : « C’est tellement pratique, ces affaires-là ! » Et socialisant ! Si ça continue, peut-être faudra-t-il songer à en acheter un…

La belle artère de Saint-Lambert

  • Le parc Gordon, un autre lieu sympathique où faire un arrêt

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Le parc Gordon, un autre lieu sympathique où faire un arrêt

  • La terrasse du café Webster, dans la rue du même nom, à deux pas de l’avenue Victoria

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    La terrasse du café Webster, dans la rue du même nom, à deux pas de l’avenue Victoria

  • Fleurs et nature n’ont pas été oubliées lors de l’aménagement.

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Fleurs et nature n’ont pas été oubliées lors de l’aménagement.

  • Le café Pistache, un autre bon plan pour se relaxer

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Le café Pistache, un autre bon plan pour se relaxer

  • Un air de piano pour profiter de l’été et égayer la ville ?

    PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

    Un air de piano pour profiter de l’été et égayer la ville ?

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Honnêtement, je ne connaissais Saint-Lambert que pour ses plaintes relatives au bruit des festivals voisins. On comprend mieux la tranquillité à préserver en la voyant de près : la belle avenue Victoria, colonne vertébrale de la ville, a beaucoup à offrir. En trois coups de deux-roues, on butine d’une chouette enseigne à l’autre, alléché par l’odeur du Café Pistache, du Webster ou de L’Échoppe des fromages. Pour rester sur le thème « Rive-Sucre », on s’offre un délicieux gelato citron-basilic chez Alimentari Sud, à deux pas de l’artère, pour le déguster dans l’agréable parc du Village.

Les endroits chouchous du Vieux-Longueuil

  • Les délicieux churros du Café Chichi : nature, fourrés au chocolat, au dulce de leche ou autre…

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Les délicieux churros du Café Chichi : nature, fourrés au chocolat, au dulce de leche ou autre…

  • La rue Saint-Charles multiplie les terrasses pour l’été. La route a été mise en sens unique, mais en scooter, il est tellement facile de zigzaguer dans le quartier et de se stationner !

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    La rue Saint-Charles multiplie les terrasses pour l’été. La route a été mise en sens unique, mais en scooter, il est tellement facile de zigzaguer dans le quartier et de se stationner !

  • Des couleurs estivales pour la rue Saint-Charles

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Des couleurs estivales pour la rue Saint-Charles

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Toujours en esquivant les voies de desserte, on sillonne les rues résidentielles pour aboutir au Vieux-Longueuil et à la rue Saint-Charles, semi-piétonnière pour l’été, avec des terrasses à gogo pour tous les goûts ! Le carburant de l’engin baisse, celui du pilote aussi ; quelle pompe à sucre avons-nous ici ? Ah, voilà de fondants churros au Café Chichi (un autre souvenir émerge : « Qui veut des churrooooos ? », gueulait une doyenne dans sa baraque sur la plage d’Hendaye, une institution locale). Assis sur la selle, on les croque avec bonheur et un étonnement dédoublé : 1. de la cannelle s’est invitée sur les bâtonnets 2. quelle bonne surprise de dénicher un tel produit en ces lieux. Ah, les bons plans de Pierre-Marc…

Et puisque les churros appellent la plage, fonçons-y plein pot.

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Il faut parfois ruser sur la Rive-Sud pour esquiver les voies rapides et les autoroutes. Notre journaliste, qui connaît peu les lieux, s’est accidentellement retrouvé sur une bretelle d’accès autoroutière, où les scooters de petite cylindrée sont interdits ! Heureusement, l’agile engin a permis de faire demi-tour en toute sécurité avant qu’il ne soit trop tard.

Une bouchée du Vieux-Boucherville

  • Scooter et plage font bon ménage. Surtout quand on s’arrête au pied de la terrasse ensablée de Chez Guédille, une cantine très, très bien placée. La bière n’est pas la moins chère en ville, mais le cadre explique cela en partie.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Scooter et plage font bon ménage. Surtout quand on s’arrête au pied de la terrasse ensablée de Chez Guédille, une cantine très, très bien placée. La bière n’est pas la moins chère en ville, mais le cadre explique cela en partie.

  • Des classiques de la restauration rapide sont servis ici, et on peut les déguster sur les tables à pique-nique près de l’eau.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Des classiques de la restauration rapide sont servis ici, et on peut les déguster sur les tables à pique-nique près de l’eau.

  • Les rues et ruelles du Vieux-Boucherville ne manquent pas de charme.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Les rues et ruelles du Vieux-Boucherville ne manquent pas de charme.

  • Déambuler dans le Vieux-Boucherville, à pied ou sur la selle de son scooter, au ralenti, est vraiment reposant.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Déambuler dans le Vieux-Boucherville, à pied ou sur la selle de son scooter, au ralenti, est vraiment reposant.

  • Même les commerces sont mignons. Ici, la Maison Allumette pour allumer des envies de déco.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Même les commerces sont mignons. Ici, la Maison Allumette pour allumer des envies de déco.

  • À l’intérieur de la Maison Allumette

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    À l’intérieur de la Maison Allumette

  • Se poser un instant pour admirer kayaks et bateaux défiler…

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Se poser un instant pour admirer kayaks et bateaux défiler…

  • Encore du sucre ? Bien sûr. Et hop, une petite crème glacée à la Crémerie du Vieux.

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

    Encore du sucre ? Bien sûr. Et hop, une petite crème glacée à la Crémerie du Vieux.

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Après quelques démêlés routiers pour passer du côté nord de l’autoroute 20 en évitant les voies rapides, le calme du cœur historique de Boucherville fait un bien fou. On laisse la Vespa devant la marina pour s’abandonner sur la petite plage-terrasse de Chez Guédille, où sont servis des classiques de la restauration rapide et de bonnes idées (poké au homard) — un tantinet onéreux, mais c’est justifié par le cadre. Charmantes, les ruelles alentour, dépourvues de trottoirs, s’explorent à basse vitesse, comme dans un petit village italien. On refait le plein de sucre à la Crémerie du Vieux, avant de découvrir des trésors pour la maison à La Maison Allumette.

Le compteur tourne, l’heure aussi, et celle du retour a sonné, il faudra restituer cette chère Vespa… si on y arrive. Avec la batterie de téléphone à plat en plein chemin de traverse, on a bien failli ne jamais retrouver le pont ! Cela aurait-il été vraiment un problème ? Une vie sucrée consacrée au scooter, à écumer des cœurs urbains historiques insoupçonnés, n’est-ce pas là une belle tranche de bonheur ?

Notre démarche

PHOTO DAVID BOILY, LA PRESSE

Pierre-Marc Durivage, Silvia Galipeau et Sylvain Sarrazin, s’apprêtant à explorent les itinéraires proposés par leurs collègues.

Nos trois journalistes ont concocté un itinéraire sur mesure destiné à leur collègue choisi. Au matin du départ, ils se sont réunis pour prendre connaissance de leurs parcours respectifs. Ils nous font maintenant part de leurs trouvailles.

Le mot de l’auteur du circuit

Pour tout vous dire, la Rive-Sud est mon patelin, je la connais par cœur. L’idée était donc d’attirer « outrepont » mon urbain collègue, car le scooter permet justement de s’aventurer hors de l’île. Évidemment, il faut parfois tricoter un peu dans les quartiers résidentiels pour éviter les voies rapides, mais ça vaut certainement le coup, car il y a tout plein de trésors méconnus dans le Sud. J’ai donc proposé à Sylvain de se rendre dans le cœur villageois de quatre municipalités toutes proches, me limitant à quelques propositions triées sur le volet. Mon souhait était justement qu’il puisse s’imprégner à sa guise de ses nouvelles et inattendues découvertes !

Pierre-Marc Durivage, La Presse

Le bonheur est dans le prêt

Pour louer un scooter, rien de plus facile. Il vous faut avoir 18 ans, un permis de conduire (pour un scooter à essence) ou une pièce d’identité (pour un scooter électrique). Les prix tournent autour de 100 $ la journée (un peu moins pour l’option électrique). Voici deux bonnes adresses à Montréal où trouver véhicule à votre pied. Notez qu’ailleurs au Québec, beaucoup d’entreprises ont cessé leurs activités en raison de la pandémie.

Consultez le site de Montréal Scooter (véhicules à essence seulement) Consultez le site de Dyad (véhicules électriques seulement)
Relisez le premier volet de la série « Le bonheur est dans le scooter »