Depuis des années, des guitaristes restent fidèles à leur amplificateur à lampes, soutenant que la richesse du son vaut bien les tracas du vieux système.

Leur avis pourrait changer, alors que des scientifiques de l'Université de l'Alberta ont utilisé la plus récente nanotechnologie pour une pédale de guitare qui reproduit le son si aimé sans les inconvénients et les coûts.

«Les gens parlent généralement (d'un son) plus chaud», a indiqué Rick McCreery, professeur de chimie à l'Université de l'Alberta et chercheur à l'Institut national de nanotechnologie à Edmonton.

La plupart des produits électroniques commerciaux, incluant les amplificateurs de guitare sans lampe, dépendent de dispositifs à base de silicium appelés transistors ou diodes. Ils fonctionnent extrêmement bien pour aider à amplifier les signaux électroniques de manière douce et juste.

Trop juste, pour certaines oreilles musicales particulièrement aiguisées. Il manque au son du silicium la richesse ajoutée des harmoniques lorsqu'un signal traverse un circuit non linéaire, tel qu'une lampe.

«Si vous prenez une guitare électrique ordinaire et vous ne faites qu'amplifier le son, des guitaristes vous diront que cela est stérile. Les guitaristes n'aimaient pas le silicium car il était trop linéaire, trop juste. Il ne générait pas de jolies harmoniques», a souligné M. McCreery.

Toutefois, les lampes sont fragiles et onéreuses à remplacer.

Adam Bergren, collègue de M. McCreery et guitariste amateur, en était bien conscient. Il savait aussi que les circuits électroniques à l'échelle moléculaire ont des caractéristiques différentes de la réponse unidimensionnelle du silicium. À cette échelle, les règles de la physique sont toutes autres.

Les deux hommes et d'autres collègues ont conçu un circuit de l'épaisseur de quelques molécules - un milliardième d'un mètre. L'équipe a ensuite créé un circuit non-linéaire dans une pédale de guitare qui réagit tout comme une lampe.

Cette pédale, appelée le «Nanolog» et fabriquée à Edmonton, est déjà en vente en ligne.

M. McCreery a indiqué que le «Nanolog» est l'un des rares produits pour les consommateurs à utiliser ce type de nanotechnologie. Une autre pédale, appelée la Heisenberg et aussi conçue à Edmonton, a été mise sur le marché en 2016 de façon restreinte.

Le professeur de chimie à l'Université de l'Alberta a souligné que les premiers brevets sur ce circuit remontent à 2004, et que les chercheurs travaillaient déjà dans ce champ particulier des années auparavant.

«Je n'avais jamais eu l'intention de concevoir des appareils musicaux lorsque j'ai commencé à y travailler. Il n'est pas facile de dire où vont nous mener les recherches fondamentales», a-t-il fait valoir.