On le surnomme Lucky Boy. À Prague, il est plus populaire et mieux connu que le hockeyeur Jaromir Jagr. Il est un des grands héros sportifs de la République tchèque.

Il y a deux ans, il a gagné la Coupe du Monde de ski de fond. Cette année, pour la deuxième fois de sa carrière, il a remporté le prestigieux Tour de Ski et il est toujours présentement deuxième au classement général de la Coupe du Monde.

Et mercredi, Lukas Bauer a gagné son pari d'amener son équipe sur le podium du relais 4x10 aux Jeux olympiques de Vancouver, après l'amère déception de ne pas avoir réalisé l'exploit l'an dernier aux Championnats mondiaux de Liberec, devant ses compatriotes.

Les Tchèques ont mérité mercredi la médaille de bronze de l'épreuve-reine des Jeux derrière les Suédois et les Norvégiens.

«J'ai regardé la dernière manche à la télévision. J'étais comme un petit enfant et je pleurais, tantôt de joie, tantôt parce que j'étais anxieux, a admis Bauer. Quand j'ai vu que Petter Northug (Norvège) remontait vers le peloton de tête, j'étais un peu inquiet, mais je savais que Martin Koukal est un bon sprinter et qu'il allait nous procurer cette médaille.»

Bauer, qui a souvent fait cavalier seul au cours de ses premières années sur le circuit de la Coupe du Monde, sait que les Jeux sont une fenêtre très importante et que cette médaille fera plus pour son sport en République tchèque que ses six victoires individuelles en plus de ses nombreuses places sur les podiums.

«C'est un grand jour, un grand moment pour notre génération de sportifs en République tchèque,» a-t-il dit.

Bauer n'est pas un athlète flamboyant, malgré toutes ses victoires. Il n'a rien d'un Northug, ou d'un Bjorn Daehlie par exemple. Mais il est respecté de tous. Son opinion a du poids auprès de tous les autres skieurs.

Comme bien d'autres, il a été un peu surpris en voyant les parcours dessinés par John Aalberg au Parc olympique de Whistler.

«En arrivant ici, je me suis dit que ces pistes étaient bien différentes de celles qu'on voit habituellement en Coupe du Monde, a dit Bauer. Comme tout le monde, je pensais que le parcours était facile.

«Mais à force de sessions d'entraînement et de courses, je m'aperçois bien que ce n'est pas le cas. Ces pistes sont finalement passablement difficiles. Elles ont toutes sortes de petites subtilités et les descentes sont techniques. Il n'y a pas vraiment de places où l'on peut se reposer. Elles sont différentes, mais ce sont des pistes dignes des Jeux olympiques,» a dit celui qui a mérité une médaille de bronze en lever de rideau de ces Jeux, au 15 km.

Bauer en est à ses troisièmes Jeux olympiques. Il croit qu'on a fait du bon travail à Vancouver.

«Je pense que ce sont les meilleurs Jeux auxquels j'ai participé, a-t-il dit. Comme je le disais, je commence à vraiment apprécier les pistes. Et partout, les gens ont été gentils avec nous. En fait, je peux dire que personne nulle part n'est aussi gentil qu'ici. Tout le monde sourit et nous accueille les bras ouverts. Bien sûr, il y a eu le terrible incident avec le lugeur et c'est dommage. Mais à part cela, ce furent de grands Jeux. Je sais que la Slovène Petra Majdic a fait une malencontreuse chute et a été sérieusement blessée. Mais je pense qu'elle est en grande partie responsable de cette chute.»

Et il espère toujours, comme la plupart des fondeurs, que ces Jeux sont propres et le resteront.

«Je pense que ce sont les meilleurs Jeux. J'ose croire aussi qu'ils sont propres et que tous les participants sont sur un pied d'égalité. C'est le cas jusqu'à présent.»

Lors de toutes les épreuves de la Coupe du Monde, l'entraîneur de l'équipe tchèque Miroslav Petrasek inscrit les mots Lucky Boy sur son dossard. Cela lui a porté chance.

«Il l'a fait la première fois aux Championnats mondiaux avant le 15 km l'an dernier à Liberec et j'ai remporté la médaille d'argent, un grand triomphe pour moi. Il le fait toujours depuis ce jour-là et les gens me surnomment maintenant Lucky Boy. Je pense que ça me va bien.»