Elle n'atteindra peut-être pas la perfection olympienne d'un Michael Phelps, mais Lindsey Vonn a tout ce qu'il faut pour devenir la reine des prochains Jeux d'hiver.

Elle excelle dans chacune des disciplines de ski alpin, comme en fait foi son Globe de cristal remporté au classement général au cours des deux dernières saisons. Et elle est particulièrement dominante en descente, elle qui a remporté les cinq premières épreuves du genre disputées en cette saison 2009-2010 de la Coupe du monde, dont les deux de Lake Louise, en Alberta.

Et on sait que la descente est officiellement considérée comme l'épreuve-reine des Jeux d'hiver, n'en déplaise aux partisans des Martin Brodeur, Sidney Crosby et compagnie.

Une coche au-dessus de tout le monde dans les épreuves de vitesse - elle a aussi décroché six podiums en autant d'épreuves du super-G cet hiver à la Coupe du monde - Vonn pourrait être surpassée par l'Allemande Maria Riesch dans les épreuves techniques. Ce qui ne la privera pas nécessairement d'une médaille d'argent ou de bronze au combiné, au slalom ou au slalom géant.

Donc, Vonn ne rapportera pas nécessairement de Whistler une collection de médailles exclusivement faite d'or, comme Phelps l'a fait en natation à Pékin lors des Jeux d'été de 2008. Mais s'il y a une athlète qui sera en mesure de briller jour après jour en février prochain, c'est bien la skieuse de 25 ans.

Riesch et la Suédoise Anja Paerson, qui a cette capacité d'élever son niveau de ski dans les grands rendez-vous, ont les aptitudes pour remporter plus d'une médaille dans les épreuves alpines féminines à Whistler Creekside. Tout comme les Suisse Didier Cuche et Carlo Janka, l'Autrichien Benjamin Raich et le Norvégien Aksel Lund Svindal chez les hommes. L'Américain Bode Miller aussi, lui qu'on disait en méforme mais qui a récemment remporté un super-combiné à Wengen, en Suisse.

Mais si elle répond aux attentes, Vonn sera sans contredit l'une des super-vedettes de la quinzaine des Jeux. Parce qu'elle domine son sport, qu'elle a un sourire éclatant... et qu'elle est Américaine.

Riesch, qui a terminé deuxième derrière Vonn au classement général de la Coupe du monde la saison dernière, n'hésite pas à valider les attentes de la plupart des observateurs.

«Elle a toute cette confiance qu'elle a accumulée à cause de ses deux conquêtes du Globe de cristal au général, note l'Allemande. En plus, elle domine toutes les autres en descente et en super-G - alors oui, elle est assurément la favorite.»

Vonn modeste

Peut-être qu'elle tente de calmer le jeu ou qu'elle est vraiment modeste, mais Vonn ne semble pas avoir des objectifs à la mesure de son potentiel.

«Avant les Jeux, il y a toujours des athlètes qui sont considérés aptes à remporter des médailles et je ne sais pas si j'en fais partie, déclare Vonn. Je sais que personnellement, mon objectif est de remporter une médaille, peu importe la couleur.

«Je vais simplement me présenter aux Jeux la mieux préparée possible et essayer du mieux que je peux. Mais vous savez, le ski est un sport très difficile qui comporte beaucoup de variables», dit-elle en faisant allusion au fait que le mauvais temps ou une piètre visibilité viennent souvent changer la donne, non seulement d'une journée à l'autre, mais aussi pendant une même course.

«C'est difficile de remporter une course, encore plus cinq. Alors je ne sais pas s'il est raisonnable d'avoir de telles attentes. Mais les attentes sont ce qu'elles sont et je devrai faire de mon mieux à chaque course.»

Vonn est par ailleurs fort consciente de l'importance des Jeux.

«Les Jeux olympiques, c'est ça qui motive et inspire les jeunes, c'est à ça qu'ils rêvent, alors c'est certain que ma saison a été orientée vers ça», dit celle qui a disputé les premiers de ses cinq championnats du monde juniors à Québec, en 2000, à l'âge de 15 ans. (Gagner des médailles) serait formidable parce que ça permettrait de mieux faire connaître le ski de compétition (aux Etats-Unis).»

Bien qu'elle ait remporté quatre médailles à des championnats du monde, dont deux d'or, Vonn n'a jamais accédé à un podium à des Jeux olympiques. Après une première participation timide aux Jeux de Salt Lake City, en 2002, elle a pris la septième place en super-G et la huitième en descente lors des JO de 2006 en Italie.

C'est toutefois par la suite que la carrière de Vonn a pris son envol. Il ne faut donc pas se laisser berner par ses visées modestes.

D'autant plus que, selon Riesch, Vonn excelle dans toutes les conditions. Ce qui sera fort utile à Whistler, où les précipitations sont fréquentes.

«J'ai encore de la difficulté à me rendre à la limite quand je ne vois pas bien, reconnaît Riesch. Je fais quand même mieux qu'il y a quelques années, mais je ne peux pas le faire aussi bien que Lindsey. Elle, elle réussit quand même à attaquer à fond.»

La clé: un bon départ

Par ailleurs, comme le souligne Max Gartner, chef de la direction athlétique et directeur du programme «A nous le podium» à Canada Alpin, le fait que la descente sera la deuxième épreuve alpine disputée chez les femmes à Whistler pourrait donner à Vonn un rythme qui lui servira pour la suite des Jeux.

«Les skieurs qui peuvent briller dans plusieurs disciplines ont parfois un avantage, en ce sens que si tu commences avec une médaille d'or en descente, il n'y a plus de pression par la suite, fait remarquer Gartner. C'est là un avantage important sur les autres skieurs, surtout ceux qui aspirent à une médaille dans une seule discipline.»

Vonn racontait récemment qu'elle jouissait encore d'un relatif anonymat aux Etats-Unis, du moins ailleurs qu'à Vail, au Colorado, là où elle vit.

«En Europe, surtout quand Maria (Riesch) et moi sommes ensemble, c'est pas mal difficile de passer inaperçues. Il y a beaucoup d'amateurs de ski en Europe. Mais aux Etats-Unis, surtout quand je mets ma tuque, on ne me reconnaît pas si souvent que ça, dit-elle. C'est bien d'avoir cette reconnaissance en Europe et en même temps, de jouir d'un relatif anonymat chez moi.»

Ca risque toutefois de changer bientôt.