Les hockeyeuses de l'équipe canadienne auraient voulu que le temps s'arrête après avoir remporté la médaille d'or contre leurs grandes rivales américaines, jeudi.

Une quarantaine de minutes après la cérémonie de remises des médailles à la Place Hockey du Canada, et après avoir accordé des dizaines d'entrevues, plusieurs joueuses sont revenues sur la glace en patins, bouteilles de champagne, énormes cigares et canettes de bière à la main, ainsi que leurs médailles d'or autour du cou évidemment.

La cadette de l'équipe, Marie-Philip Poulin, qui n'a même pas l'âge légal à 18 ans de consommer de l'alcool en Colombie-Britannique, trinquait allègrement.

Poulin et les autres qui l'accompagnaient, les gardiennes Kim St-Pierre et Charline Labonté entre autres, savouraient l'instant présent. Elles se faisaient prendre en photo en compagnie de bénévoles et de gens de la sécurité, elles signaient des autographes. Une d'entre elle est même montée sur la resurfaceuse, faisant résonner le klaxon à quelques reprises.

C'était le repos de guerrières qui le méritaient amplement après s'être imposées de nombreux sacrifices au cours de la dernière année, principalement.

L'équipe a bénéficié d'une préparation comme jamais elle en avait eu auparavant. Elle a disputé une trentaine de matchs contre des équipes midget AAA de l'Alberta.

 «Nous savions que nous devions en faire davantage que les Américaines sur le plan de la préparation et nous n'avons négligé aucun détail, a noté la capitaine Hayley Wickhenheiser.

Ça n'a pas été une victoire facile. Nous avons eu à jouer souvent en infériorité numérique.

Ça n'a pas été joli, mais nous avons fait le travail.»

Tant du côté canadien qu'américain, on s'entendait pour dire que les deux situations dont les Américaines n'ont pu profiter en double supériorité numérique ont été un tournant de la finale.

«Rien n'est arrivé ce soir (jeudi) qui nous a pris de court, a enchaîné Wickhenheiser. C'est là qu'on constate que nous étions très bien préparées. Ca fait partie du processus si on veut être des championnes olympiques. On doit se soucier du moindre détail et redoubler d'ardeur dans l'anonymat.»

St-Pierre sereine

Kim St-Pierre aurait souhaité se voir offrir la chance de clôturer sa carrière en se retrouvant devant le filet. Mais l'entraîneuse Melody Davidson a décidé de faire confiance à la jeune Shannon Szabados, estimant qu'elle avait «mieux fait que St-Pierre» au cours de la dernière année.

«On espère toujours prendre part aux matchs importants, a avancé St-Pierre. J'ai été déçue sur le coup. Jusqu'à maintenant, j'avais une belle carrière avec l'équipe nationale. Mais quand on apprend la nouvelle, il n'y a rien qu'on puisse faire, sauf soutenir ses coéquipières.

Ça n'a pas été facile, mais la couleur de la médaille est la même pour tout le monde. C'est réellement un super moment pour moi.»

St-Pierre, âgée de 31 ans, a rendu hommage à Szabados, en disant qu'elle avait beaucoup de potentiel.

«Elle a fait de gros arrêts en début de match et ça nous a aidés à prendre confiance, a-t-elle commenté. Les filles ont par la suite bloqué des tirs et elle a fait des arrêts dans les moments importants. On s'est tiré d'affaires lors de deux cinq-contre-trois. C'est à partir de ce moment-là qu'on a senti que rien ne pouvait nous arrêter.»

Labonté, elle, a suivi l'action des gradins après avoir défendu le filet du Canada en finale de 2006, à Turin.

«C'est différent cette fois-ci, a-t-elle souligné. Je me suis blessée à une cheville, l'an dernier, et j'ai accepté mon rôle. Je voulais gagner la médaille d'or. Peu importe la façon dont ça se produit, c'est mission accomplie», a résumé Labonté, qui ne sait pas si elle va poursuivre pendant un autre cycle olympique.

L'attaquante Gina Kingsbury, une des six Québécoises de l'équipe, avait peine à décrire à l'aide de mots les émotions qu'elle ressentait.

«De gagner chez nous, devant notre foule, c'est indescriptible comme sentiment, a déclaré la patineuse de Rouyn-Noranda. C'était tellement bruyant dans l'amphithéâtre. On aurait dit que les partisans nous ont donné un deuxième souffle. C'était extraordinaire et on dirait que je ne réalise pas encore que nous avons gagné.»