L’Omnium Banque Nationale offrira de plus en plus d’argent aux joueuses de tennis jusqu’à ce que la parité salariale soit atteinte avec leurs homologues masculins, en 2027, a annoncé Tennis Canada. Même s’il paraît lent, ce changement pourrait mener à une amélioration du niveau de jeu global du tennis féminin, croient les expertes.

Atteindre cette parité était « l’étape la plus importante dans la croissance du tennis féminin », indique la directrice du tournoi et ancienne joueuse professionnelle Valérie Tétreault en entrevue avec La Presse.

« Par mon passé de joueuse professionnelle, je ressens encore plus de fierté aujourd’hui de pouvoir participer à cette annonce-là, à ce grand moment-là », ajoute-t-elle.

Une hausse effrénée

La dotation allouée aux joueuses pour l’édition 2023 de l’Omnium Banque Nationale représente moins du tiers (32 %) de celle octroyée aux hommes. Selon le site officiel de l’ATP, les bourses de l’édition masculine du tournoi s’élèvent à 8,7 millions de dollars canadiens. Selon nos calculs, celles du tournoi féminin atteignent donc 2,8 millions de dollars.

L’organisation aurait voulu rendre les dotations égalitaires dès cette année, « mais on partait de tellement loin », explique Valérie Tétreault.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

La directrice de l’Omnium Banque Nationale et ancienne joueuse professionnelle Valérie Tétreault

Les redevances télévisuelles liées au tennis masculin sont 10 fois supérieures à celles du tennis féminin, souligne la directrice du tournoi. Cela explique l’écart entre le chèque de 1 200 000 $ donné à Pablo Carreño Busta, gagnant du simple masculin l’an dernier à Montréal, et celui de 580 000 $ donné à Simona Halep, la gagnante du simple féminin à Toronto.

Une nouvelle entité, WTA Ventures, épaulée par la Banque Nationale, principal commanditaire du tournoi, comblera le manque.

En 2025, les bourses allouées aux femmes représenteront 60 % du total donné aux hommes. La proportion passera à 78 % en 2026, puis, enfin, à 100 % en 2027. D’ici quatre ans, la dotation réservée aux joueuses augmentera de 350 % pour atteindre au moins 10 millions de dollars.

Un montant justifié, d’après Valérie Tétreault. « Le niveau de jeu à la WTA [le circuit de tennis féminin] est assez élevé pour intéresser n’importe quel amateur de tennis. »

Des propos corroborés par la directrice générale de Tennis Québec, Andréanne Martin. « Lorsque Serena [Williams] est allée jouer à Toronto, ç’a été un record au niveau des assistances », soutient-elle.

Par l’entremise d’un communiqué, Leylah Annie Fernandez, Bianca Andreescu et Rebecca Marino, les trois Canadiennes les mieux classées au circuit de la WTA en simple, ont exprimé leur joie quant à la future parité salariale.

Vers une augmentation du niveau de jeu ?

D’après Hélène Pelletier, analyste des matchs de tennis à RDS, de plus petits tournois pourraient suivre l’initiative de l’Omnium Banque Nationale. Des cagnottes plus généreuses pourraient conséquemment augmenter le niveau de jeu global du tennis féminin.

« On pourrait développer tous les aspects comme on le fait chez les hommes, où il y a plus de ressources, côté argent », explique-t-elle.

Par exemple, avec des dotations plus importantes, les joueuses pourraient retenir les services d’un psychologue.

Andréanne Martin est du même avis. « Il y en a [des joueurs] qui se promènent avec leur chef cuisinier, leur physio… Tu vois ça aussi chez les femmes, mais moins. »

La cause ? Des revenus moindres par rapport à leurs compères masculins. « Si les joueuses ont une équipe plus solide et plus complète, le niveau de jeu devrait augmenter », pense Mme Martin.

Pour l’instant, les quatre tournois du Grand Chelem et certains tournois Masters 1000 et WTA 1000, comme ceux d’Indian Wells et de Miami, offrent la parité aux joueuses. Tous les tournois 1000 combinés (ATP et WTA) atteindront la parité en 2027.

L’Omnium Banque Nationale entre dans cette catégorie de tournois. Il s’agit des compétitions de tennis les plus importantes après les tournois du Grand Chelem, tant pour les bourses que pour les points de classement.

Une compétition qui prend du galon

L’Omnium Banque Nationale s’étalera sur 12 jours au lieu de 7 à partir de 2025. Une ronde de match s’ajoutera aux tableaux, qui dénombreront 96 joueurs, au lieu des 56 actuels. Ce changement mettra le tournoi sur un pied d’égalité avec ceux d’Indian Wells, de Miami et de Rome, considérés comme les plus prestigieux des Masters 1000, puisqu’ils sont disputés sur 12 jours. L’Omnium Banque Nationale est disputé chaque année au début du mois d’août à Montréal et à Toronto. Cette année, les femmes joueront à Montréal et les hommes, à Toronto, du 7 au 13 août.