Même si elle n'est encore que 46e au classement mondial, Eugenie Bouchard n'est pas vraiment une joueuse comme les autres à Roland-Garros. Tout le monde se souvient de ses performances spectaculaires de 2014, quand elle avait atteint les demi-finales à Paris avant de jouer la finale quelques semaines plus tard à Wimbledon.

Et même si elle n'a encore gagné qu'un seul titre sur le circuit de a WTA - en 2014 à Nuremberg, juste avant Roland-Garros justement -, la Canadienne est toujours considérée comme une joueuse à surveiller.

Après une saison de misère en 2015, ponctuée par une chute dans les vestiaires du stade Arthur-Ashe à New York, pendant les Internationaux des États-Unis, Bouchard a retrouvé la santé et la forme cette saison. Avec une fiche de 18-10, elle a déjà remporté cinq victoires de plus que durant toute l'année dernière et elle a disputé deux finales, ce qui ne lui était plus arrivé depuis l'automne 2014.

Les experts notent d'ailleurs que la joueuse de 22 ans a retrouvé le tennis d'attaque qui l'avait si bien servie pendant cette année 2014 de gloire et elle a progressé récemment au service, un aspect de son jeu qui l'avait souvent trahie la saison dernière.

C'est toutefois hors des courts que les changements les plus importants semblent s'être produits. Le retour récent de l'entraîneur Nick Saviano a permis à Bouchard de retrouver celui qui l'avait formée depuis qu'elle avait 12 ans et qui était à ses côtés en 2014 dans tous les grands tournois où elle a si bien fait. Leur rupture, à la fin de cette saison-là, avait soulevé bien des interrogations, et aucun entraîneur n'a vraiment réussi à récréer avec Bouchard la chimie qui la liait à celui qui était véritablement un second père pour elle.

« Il me connaît depuis tellement longtemps. J'ai confiance en lui et je sais qu'il croit en moi. Quand il parle, j'écoute toujours ce qu'il dit et je sais qu'il m'écoute moi aussi », a récemment déclaré Eugenie Bouchard, à propos de Nick Saviano.

La Canadienne n'avait certainement pas retrouvé ce respect mutuel avec le Français Sam Sumyk en 2015 et, même si sa relation était meilleure avec le Suédois Thomas Hogstedt en début de saison 2016, elle voulait revenir dans la « zone de confort » qui lui avait permis de grimper jusqu'au cinquième rang du classement féminin en fin de saison 2014.

Autre changement majeur, Bouchard n'est plus représentée par l'agence IMG et la réputée Jill Smoller. Cette dernière, qui est aussi l'agente de Serena Williams, n'a certainement pas été à la hauteur de sa réputation dans sa gestion de la carrière de Bouchard. Certains diront que le caractère de la Canadienne y était pour quelque chose, d'autres souligneront que la mère d'Eugenie, Julie Leclair, était omniprésente ; toujours est-il qu'IMG n'est plus dans le portrait, que Mme Leclair est plus discrète et qu'on ne sait toujours pas qui s'occupera des affaires de Bouchard.

De toute façon, tout le monde est unanime : l'athlète doit accorder la priorité à sa carrière sportive.

Son mauvais classement l'oblige à affronter des adversaires bien cotées tôt dans les tournois, parfois même à disputer des tournois de deuxième catégorie, faute d'être admise directement au tableau principal des tournois plus importants.

« C'est une drôle de sensation, a-t-elle confié, un peu comme si j'étais revenue en 2013, ma première saison complète sur le circuit professionnel, quand je n'étais pas tête de série, quand je jouais de plus petits tournois. Je me sens comme si je devais me battre pour regagner ma place et je vois cette saison comme celle du renouveau pour moi. C'est un défi, mais je suis prête à le relever. Je n'ai plus tout le poids du monde sur mes épaules. »

PHOTO SUSAN MULLANE, ARCHIVES USA TODAY

Nick Saviano

Contre Laura Siegemund au premier tour

Eugenie Bouchard affrontera Laura Siegemund, 43e mondiale, au premier tour des Internationaux de France. Même si l'Allemande de 28 ans connaît l'une des meilleures saisons de sa carrière, Bouchard aurait pu tomber sur une adversaire plus coriace. « C'est le deuxième tournoi majeur d'affilée où je ne suis pas tête de série et je m'étais préparée mentalement comme si je devais affronter Serena [Williams, la favorite], a raconté la Canadienne en point de presse. Je ne vais toutefois pas sous-estimer mon adversaire [Siegemund]. Elle joue bien cette saison, surtout sur la terre battue, et je vais me préparer pour un match très difficile. » La gagnante de ce match pourrait affronter la Suissesse Timea Bacsinszky, 8e favorite, au deuxième tour. De son côté, Aleksandra Wozniak affrontera la Kazakhe Yulia Putintseva (56e). La Canadienne, qui a connu de nombreux ennuis de santé au cours des dernières années, a obtenu une place dans le tableau principal en raison d'un classement protégé.

Raonic contre Tipsarevic, Pospisil contre Berdych

Deux Canadiens sont du tableau principal en simple masculin. Le 9e mondial Milos Raonic a profité du forfait de Roger Federer pour se glisser parmi les huit premières têtes de série et pourrait affronter le tenant du titre Stanislas Wawrinka en quart de finale. Il amorcera le tournoi contre le Serbe Janko Tipsarevic, qui revient au jeu après une longue absence. Pour sa part, Vasek Pospisil (47e) n'a pas été choyé par le tirage au sort puisqu'il devra affronter d'entrée le Tchèque Tomas Berdych, 7e favori du tournoi.

Chez les favoris justement, Rafael Nadal (4e) se retrouve dans la même section du tableau que Novak Djokovic (1er) et les deux prétendants au titre pourraient s'affronter en demi-finale et non en finale comme plusieurs l'espéraient. Chez les femmes, Serena Williams pourrait affronter la coriace Victoria Azarenka dès les quarts de finale.

Les quarts de finale théoriques

FEMMES 

Serena Williams (É.-U., 1re) c. Victoria Azarenka (BLR, 5e)

Angelique Kerber (ALL, 3e) c. Timea Bacsinszky (SUI, 8e)

Garbiñe Muguruza (ESP, 4e) c. Roberta Vinci (ITA, 7e)

Agnieszka Radwanska (POL, 2e) c. Simona Halep (ROU, 6e)

HOMMES

Novak Djokovic (SRB, 1re) c. Tomas Berdych (TCH, 7e)

Rafael Nadal (ESP, 4e) c. Jo-Wilfried Tsonga (FRA, 6e)

Stan Wawrinka (SUI, 3e) c. Milos Raonic (CAN, 8e)

Andy Murray (GBR, 2e) c. Kei Nishikori (JPN, 5e)