L'aventure tire bientôt à sa fin. Marco Di Vaio endossera pour la dernière fois le chandail numéro 9 du bleu-blanc-noir ce samedi au stade Saputo. C'est le moment de lui dire: in bocca al lupo, bonne chance à l'italienne. On dit que la ville et ses gens aiment les événements? En voilà un à ne pas manquer avec la saison qui achève. Et ce n'est même pas la peine d'offrir une figurine à tête ballottante pour souligner l'occasion.

Parlant d'opiner du bonnet, vous conviendrez qu'à bien des points de vue, l'artilleur italien aura marqué l'histoire du onze montréalais. Di Vaio n'était pourtant pas aussi connu des profanes que d'autres noms évoqués avant l'arrivée du premier joueur désigné. Cela ne l'aura pas empêché de combler les attentes, notamment grâce à son sang-froid devant les cages adverses.

Signe de son empreinte sur l'imaginaire collectif, chaque occasion manquée par un coéquipier donne désormais lieu à une litanie de critiques renforçant le mythe érigé autour du bomber transalpin: Di Vaio, lui, ne l'aurait pas manquée...

Voilà, en quelque sorte, son héritage à la culture locale du jeu. C'est qu'on se souviendra pendant longtemps de toutes «ces nuits magiques à la conquête du but», comme le chantait Gianna Nannini dans son hymne au Mondiale italien de 1990. Douce musique aux oreilles de l'amateur de calcio et sans doute aussi à celles de l'ami Marco.

Dai Marco dai!

Mais Di Vaio n'aura pas seulement fait rêver le public montréalais durant les deux saisons et demie qu'il aura passées ici. Certains lui reprocheront sa propension à être souvent hors-jeu et à afficher un langage corporel qui en dit long sur l'opinion qu'il a du choix de jeu de ses coéquipiers, son désir de vaincre l'emportant habituellement sur la courtoisie et les critiques constructives dans le vestiaire.

Le personnage est entier. On ne saurait le lui reprocher, car Di Vaio n'a jamais eu peur de dire sa façon de penser, le plus souvent dans le but de faire avancer les choses. Et s'il aura quelques fois suscité des frustrations chez l'amateur montréalais, il aura aussi trouvé 33 fois le moyen de se faire pardonner... Et plus de 40, si l'on compte les buts marqués en championnat canadien et en Ligue des champions. Il en faudra, du temps, avant qu'il ne soit rattrapé.

Mais tous ne sont pas enthousiastes au point de chanter: Grande Marco, j'craque pour toi, mon coco! Je les comprends. À cet effet, je suggérerais justement d'emprunter une coutume bien répandue dans les stades en Italie où il est commun pour les tifosi d'aimer et d'enguirlander simultanément les joueurs de l'équipe qu'ils appuient. Un peu comme au Centre Bell, finalement.

Au fait, bien avant les stades en Italie, c'est en participant pour la première fois de ma vie aux 36 Heures de soccer du Centre Claude-Robillard que j'ai entendu des partisans crier à un enfant: dai Marco, dai! Mais il m'aura fallu bien du temps avant que je ne comprenne que les mammas assistant au légendaire tournoi de soccer intérieur ne souhaitaient pas du mal au petit joueur arborant des cheveux frisés longs jusqu'à la nuque. Après tout, c'était la mode! Et le petit Marco - un autre que Di Vaio - semblait plutôt bien réagir aux invectives, aussi agressives fussent-elles proférées.

Dai Marco, dai, c'est l'équivalent d'un «allez» bien senti qu'on dirait pour encourager le numéro 9 à marquer. Et c'est aussi ce qu'on lui criera pour le rappeler à l'ordre quand il implorera le ciel alors que le jeu n'est pas encore terminé...

Mais trêve de plaisanteries. Samedi, ce sera l'ultime occasion d'aller admirer et soutenir le premier joueur désigné de la franchise montréalaise en Ligue majeure. Pensons-y bien, l'Impact aura eu l'immense honneur de compter sur un buteur de la trempe de Marco Di Vaio. Un héros - oui, héros - qui aura marqué l'histoire du club tout en se faisant une place dans la culture locale. Un homme dont on se souviendra par sa grande envie de gagner et qui mérite qu'on lui dise une dernière fois: bravo, Marco, bravo!