Mettons une chose au clair tout de suite. Un arbitre qui change le cours d'un match, ça existe. Si M. Gonzalez n'annule pas sa décision d'accorder un penalty à l'Impact de Montréal, samedi contre les Whitecaps de Vancouver, alors que l'écart n'est que d'un but, le sujet de cette chronique serait sans doute différent.

Mais le réconfort qu'apporte ce scénario hypothétique est un piège dans lequel le onze montréalais doit éviter de tomber. Nous y reviendrons.

On le voit chaque semaine, le soccer nord-américain comporte certaines particularités que les nombreux Européens de l'organisation montréalaise mettent du temps à apprivoiser. L'influence qu'exercent les autres sports de premier plan du continent sur la Ligue majeure est omniprésente: franchises, repêchage, conférences, séries éliminatoires, etc. Or, la reprise vidéo, elle, n'existe pas au soccer. Ni en MLS ni ailleurs. Il est donc extrêmement rare pour un arbitre d'annuler une de ses propres décisions. Et quand ça arrive, il en résulte une confusion qui décuple la méfiance de tout le monde à son égard.

Faut-il pour autant se scandaliser qu'un officiel qui doute consulte ses collègues pour rendre son verdict? Nonobstant une quête pour plus de justice et de vérité, la manière de faire peut compromettre les nobles intentions de l'officiel. Ainsi, se référer au quatrième arbitre, qui est plus éloigné, pour ensuite modifier une décision a de quoi mettre le feu aux poudres. Et d'affaiblir son autorité aux yeux des joueurs, des entraîneurs et des partisans vociférant dans les gradins. Peut-être bien que le foot n'est pas prêt pour la reprise vidéo, après tout...

Un arbitre en observation

«Pour chaque action qui influence le cours du match, je fais une observation dans mon rapport», explique Andrea Di Pietrantonio, jadis membre du personnel technique montréalais, qui oeuvre maintenant pour la MLS dans un rôle d'«évaluateur professionnel de match» (PME). Un poste dont la mission consiste à observer le travail effectué par les officiels et les entraîneurs lors des matchs de ligue. «Il s'agit de l'avis d'un entraîneur. Je n'évalue pas les arbitres en tant que tel. D'ailleurs, il faut être vigilant par rapport à ce qu'on écrit, vu la position depuis laquelle on observe le match.» La même position que celle du quatrième officiel, soit dit en passant.

«Le PME offre un commentaire sur l'empathie que démontre l'arbitre envers les joueurs», selon l'organisme qui supervise le travail des officiels en MLS, le PRO. Impossible toutefois de savoir ce que pensait Gonzalez en voyant les visages incrédules des joueurs de l'Impact, samedi.

En comptant le PME, ils sont trois à épier le rendement des arbitres à chaque match. De quoi vivre avec les conséquences d'une mauvaise décision même quand on est «un homme en jaune,» contrairement à ce que laissait entendre Marco Schällibaum furieux à l'issue du match. Décidément, l'empathie ne trône pas au sommet de la charte des valeurs du circuit Garber.

Mais voilà, l'Impact ne peut se permettre de se réfugier derrière une décision défavorable pour expliquer ses récents déboires. Les joueurs ont beau prétendre le contraire, la fatigue était évidente chez le onze montréalais contre Vancouver.

À tort ou à raison, le bleu-blanc-noir a choisi de tout miser sur ses joueurs d'expérience lors des trois derniers matchs, avec les résultats que l'on connaît. Et la prochaine portion de calendrier n'augure rien de bon pour une équipe dont plusieurs éléments semblent au bout du rouleau.

Plutôt que de ruminer sa colère contre les officiels ou de maudire les blessures aux joueurs acquis à la mi-saison, l'Impact a surtout besoin de se regrouper avant de passer à la prochaine épreuve. À l'entraînement, on pourrait certainement insister sur un marquage plus serré de Ferrari ou chercher à peaufiner les contrôles orientés d'Andrew Wenger. Mais de telles mesures seraient-elles efficaces pour injecter une énergie nouvelle à l'effectif?

Rappelons qu'avant d'entamer le calendrier sur les chapeaux de roues, l'Impact avait organisé une course de raquettes entre les joueurs au parc Maisonneuve.

Avez-vous considéré emmener votre gang aux pommes, Mister Schällibaum?