Peut-être faudrait-il placer des cônes orange autour du terrain aux entraînements de l'Impact? Ça nous permettrait peut-être de remettre les choses en contexte.

Nous: partisans, journalistes ou ex-joueurs, qui spéculons sur les prochaines rotations dans l'alignement. Nous qui écoutons l'entraîneur faire son mea-culpa à propos des changements à Dallas. Nous, qui nous inquiétons aussi du fait que l'Impact perd souvent les pédales au moment où il a besoin d'être le plus serein.

Trois fois déjà, l'Impact a laissé filer une avance cette année. Trois fois qu'on échappe les trois points de la victoire. Le club montréalais éprouve des difficultés à marquer des buts, mais il a surtout du mal à gérer l'avantage qu'il se procure sur ses adversaires.

On sait bien que le projet de Jesse Marsch est toujours en construction et que le chantier est loin d'être achevé. Le club bleu-blanc-noir a connu des améliorations à bien des égards depuis qu'il fait partie du circuit Garber, mais il semble avoir oublié la recette qui lui a procuré tant de succès sur le terrain au cours de son histoire. Je suis pourtant certain d'avoir entendu Marsch dire qu'il souhaitait conserver des liens avec le passé et la tradition victorieuse de l'équipe montréalaise lorsqu'il l'a prise en main.

Un peu de nostalgie

Parlant du passé, c'est peut-être parce que l'équipe a recommencé à s'entraîner au Centre Claude-Robillard, mais j'accumule les vieux souvenirs par les temps qui courent.

Par exemple, en observant l'appréhension qui gagne actuellement l'équipe de Marsch après qu'elle a pris les devants durant un match, je me rappelle le sentiment de nervosité qui affectait parfois les joueurs comme une maladie contagieuse à l'époque où je représentais le club. Malgré le fait que nous gagnions bien plus souvent que nous ne perdions, il y avait toujours plus de tension sur le terrain lorsqu'on menait. Une tension qui avait le mérite de nous tenir sur un pied d'alerte, mais qui nous empêchait sans doute d'offrir un meilleur spectacle. Qu'à cela ne tienne, durant les bonnes années - il y en a eu quelques-unes, quand même! -, l'équipe trouvait le moyen de gagner même si elle était crispée.

Il faut dire qu'avec Sutton, Gervais et Pizzolitto derrière, l'équipe était entre bonnes mains. La défense montréalaise ne faisait pas seulement peur à l'adversaire. À l'instar de plusieurs coéquipiers, lorsque je perdais le ballon en milieu de terrain, j'étais souvent la cible des critiques formulées par les sentinelles montréalaises. Et elles n'étaient pas toujours constructives.

Moins de timidité, plus de possession de ballon

Jesse Marsch en est à ses premiers pas comme entraîneur-chef, mais il a déjà vécu un épisode qui s'apparente à la déconfiture de l'Impact au Texas avec l'équipe nationale américaine. Lors de la finale de la Gold Cup 2011, les États-Unis s'étaient inclinés devant le Mexique 4-2 même s'ils avaient pris une avance de 2 buts.

Quelles leçons tire-t-il de ces déceptions? D'une part, Marsch constate qu'il faut être en mesure de conserver davantage le ballon pour espérer gérer le rythme du match alors que son équipe a tendance à se précipiter. «Je crois que nous avons réussi à aligner cinq passes consécutives seulement une fois à Dallas.»

Au-delà du terrain, Marsch sent aussi que son groupe gagne en maturité dans le vestiaire même si ce progrès ne se traduit pas immédiatement par des résultats plus positifs. «On constate qu'il y a plus d'intensité lors des entraînements. Et les joueurs ont moins peur de heurter les sentiments de leurs coéquipiers lorsqu'ils s'expriment. C'est le genre de choses qui ne se bâtissent pas du jour au lendemain avec une équipe d'expansion.» En attendant, cônes orange ou pas, mieux vaut prendre notre mal en patience.