Un an et demi après l'élection du pape François, l'Argentine veut croire au sacre de son idole, Lionel Messi, lors de la grande messe du soccer dimanche à Rio, en finale du Mondial 2014.

L'Allemagne de l'ancien pontife Benoît XVI viendra-t-elle briser le destin du quadruple Ballon d'Or, qui rêve d'ajouter la Coupe du monde, le seul trophée qui manque à sa collection?

Messi, qui a tout gagné en club à Barcelone, n'a qu'une seule obsession: briser le maléfice d'une Nationalmannschaft que l'Argentine n'a plus battue depuis son sacre au Mondial 1986 au Mexique.

Cette année-là, l'Albiceleste s'était trouvée un nouveau roi en la personne de Diego Maradona, entré dans l'histoire grâce à la «main de Dieu», son but plein de malice inscrit en quarts de finale face à l'Angleterre.

Depuis, les Allemands ont toujours dominé l'Argentine en Coupe du monde. Et les deux dernières fois, en 2006 et 2010 (quarts de finale), Messi était dans le camp des perdants.

Dimanche au Maracana, les supporteurs vêtus de ciel et blanc, les couleurs de l'Argentine, voudront croire au miracle pour qu'enfin leur Messi forme la Sainte-Trinité avec le pape François et le dieu Maradona.

Dans les stades brésiliens ou au camp d'entraînement de la sélection, les «hinchas» (supporteurs) argentins se sont parfois déguisés en pape François, avec des masques à son effigie. D'autres ont brandi des photos représentant l'ancien archevêque de Buenos Aires à côté de Messi.

Dans la capitale argentine, un Christ Rédempteur (la célèbre statue du Corcovado à Rio de Janeiro) gonflable est déployé pendant chaque match, au sein de la foule qui se rassemble autour de l'Obélisque, épicentre traditionnel des festivités liées au soccer.

«Nous ne pouvons pas nous plaindre» d'avoir le pape et le meilleur joueur du monde, dit à l'AFP Elida Troneberger, une habitante de Buenos Aires. «Eh oui c'est la vérité, ils nous représentent bien».

«Avoir un pape argentin ça nous donne encore plus la foi» pour la victoire finale, ajoute pour sa part Marcelo Adrián, un employé de 43 ans.

Index pointés vers le ciel

Outre leur nationalité, le pape François et Lionel Messi ont plusieurs points communs, dont l'humilité, héritage de leurs origines modestes.

Jorge Bergoglio est né dans le quartier pauvre de Flores, à Buenos Aires, d'un père cheminot et d'une mère au foyer. Messi a grandi à Rosario dans un quartier de la classe moyenne inférieure, d'un père métallurgiste et d'une mère elle aussi au foyer.

Les deux hommes ont dépassé leurs conditions d'origine, par des voies bien différentes, jusqu'à intégrer la liste des 100 personnes les plus influentes du monde, selon le classement du magazine Time.

Autre fil invisible qui les relie: le footballeur est aussi un fervent catholique de même que le pape sait se transformer en supporteur.

Le chef du Vatican avait fait sensation sur la place Saint-Pierre, deux mois après son élection surprise, en pointant trois doigts en l'air en réponse à un fidèle, fan comme lui-même du club de San Lorenzo. Quelques jours plus tôt, leur équipe avait battu le rival de Boca Juniors en inscrivant trois buts!

De son côté, Messi célèbre régulièrement ses buts en pointant ses index vers le ciel, en guise de remerciement divin.

«Avant d'être des champions, vous les sportifs restez toujours des hommes, des personnes. Vous ne perdez pas votre condition d'hommes porteurs de l'humanité», avait dit le pape François en août 2013, quand il avait reçu Messi et ses coéquipiers au Saint-Siège.

En cas de victoire dimanche, Messi offrira à l'Albiceleste une troisième étoile. Et le peuple argentin, malgré la mise en garde du pape, lui vouera un culte éternel.