La Corée du Nord, qui avait boycotté les Jeux olympiques d'été de Séoul en 1988, défilera à PyeongChang aux côtés de son voisin du Sud, pays hôte des prochains JO d'hiver, lors de la cérémonie d'ouverture, à la suite de longues discussions entre les deux États encore officiellement en guerre et d'un accord entériné samedi à Lausanne.

Au total, 22 sportifs nord-coréens participeront aux JO 2018, alignés dans trois sports (ski, hockey sur glace et patinage), pour un total de cinq disciplines, avec en point d'orgue une équipe coréenne unie dans le tournoi dames de hockey sur glace.

Mesure spectaculaire mais pas inédite, les deux Corées défileront ensemble lors de la cérémonie d'ouverture, sous le drapeau représentant la péninsule réunifiée, comme ils l'avaient déjà fait aux JO 2000 à Sydney, 2004 à Athènes et 2006 à Turin.

« Tous les Nord-Coréens seront hébergés au Village olympique », a ajouté le CIO.

La Corée du Nord, qui base son existence sur la dissuasion militaire et nucléaire, est loin de faire figure de puissance sportive avec uniquement deux médailles depuis sa première participation à des JO d'hiver, en 1964 à Innsbruck.

Mais après une année de fortes tensions dans la péninsule, exacerbées par les multiples tirs de missiles et essais nucléaires menés par le Nord, l'envoi de Nord-Coréens à des JO organisés par le voisin honni marque un moment rare de publicité diplomatique positive pour l'olympisme et un espoir de détente.

« Les JO de PyeongChang ouvrent peut-être la voie à un avenir plus souriant dans la péninsule coréenne », a déclaré M. Bach, estimant que l'accord conclu samedi dans la capitale olympique marque « un moment historique à l'issue d'un long processus ».

Si Nord et Sud s'étaient déjà mis d'accord sur une série de propositions, le CIO, puissance invitante, avait convié trois délégations de Corée du Nord, Corée du Sud et du Comité d'organisation des JO de PyeongChang, pour les entériner et les préciser.

Les deux Corées étaient représentés par le président de leur Comité national olympique respectif et par leurs représentants au CIO, respectivement Chang Ung et Ryu Seung-min, ancien champion olympique de tennis de table.

Les deux gouvernements étaient également présents à travers le ministre sud-coréen de la Culture et du Sport, Do Jong-whan et son homologue nord-coréen Kim Il-guk, également président de son CNO.

Équipe commune en hockey 

Pyongyang a proposé d'envoyer une délégation de 550 personnes à PyeongChang, composée non seulement de sportifs mais également de meneuse de claque ou d'une équipe de taekwondo.

En patinage artistique, le seul couple nord-coréen, formé de Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik, qui avait réussi à se qualifier fin septembre mais n'avait pas respecté la date limite d'inscription, sera aligné.

En patinage de vitesse, le Nord comptera deux représentants hommes sur 1500 m et 500 m.

Une équipe commune au Nord et au Sud prendra part au tournoi de hockey sur glace dames. Douze joueuses nord-coréennes, accompagnées d'un entraîneur, rejoindront l'équipe sud-coréenne pour former une équipe « unifiée ». Placée dans le groupe B du tournoi qui réunit au total 8 équipes, la Corée débutera le 10 février face à la Suisse, avant de rencontrer le Japon et la Suède.

En ski alpin, deux hommes et une femme participeront au géant et au slalom. En ski de fond, la Corée du Nord enverra trois sportifs, deux hommes sur le 15 km et une femme sur le 10 km.

La Corée du Nord enverra également 24 officiels et 21 représentants des médias.

La présence de la Corée du Nord aux JO d'hiver n'est pas inédite. Pyongyang avait envoyé pour la première fois une délégation aux JO d'Innsbruck en 1964 et a participé à sept des 12 dernières éditions, la dernière fois à Vancouver en 2010. En 2014 à Sotchi, aucun Nord-Coréen ne s'était qualifié.

Son bilan, famélique en sept Jeux d'hiver, se limite à deux médailles : une d'argent en 1964, une autre de bronze en 1992 à Albertville, à chaque fois en patinage de vitesse.

La Corée du Nord, état isolé et dirigé d'une main de fer par Kim Jong-un, héritier de l'unique dynastie communiste au monde, prévoit aussi d'organiser des événements culturels sur place en marge des Jeux.