Le temps passe et dans un an presque jour pour jour, certains des meilleurs golfeurs du monde seront à L’Île-Bizard pour disputer la Coupe des Présidents. Même si le cycle des saisons aura le temps de s’achever d’ici là, les capitaines Mike Weir et Jim Furyk ont déjà entamé leur préparation. Et à ce stade, un seul mot importe : chimie.

Weir et Furyk étaient conviés à un entretien sous forme de causerie 5 à 7 avec les membres du club de golf Royal Montréal, mardi soir. Certains médias avaient été invités pour l’occasion.

Sushis, crevettes, bouchées et desserts assortis étaient servis au deuxième étage du pavillon-club. Au même moment, le soleil se couchait sur les allées impeccables du plus vieux club de golf en Amérique. Même Monet n’aurait pu imaginer un plus beau décor.

Les drapeaux noir et or installés en bordure du balcon circulaire, flottant grâce au même vent du nord flattant les allées du neuf de retour, ne mentent pas. Même si la Coupe des Présidents s’amorcera seulement le 24 septembre 2024, tous les acteurs impliqués ont déjà les deux mains dans la pâte. Ou dans le plateau d’entremets dominant le centre de la salle.

Même les capitaines Weir, de l’équipe internationale, et Furyk, de l’équipe américaine, sont en train de penser à la meilleure manière de gagner. Pour l’instant, aucun joueur n’a été choisi. Ce serait beaucoup trop précoce. « On pense à des noms, mais on ne choisit pas », a clarifié Weir.

Mais comme le Canadien l’a mentionné à la centaine de personnes présentes, ils planifient l’organisation du vestiaire, le choix des uniformes et même la sélection des plats servis. « Les joueurs viennent de pays différents, donc de cultures différentes. Il faudra s’ajuster », a-t-il spécifié en se tenant juste à côté du trophée en or.

S’inspirer de la Coupe Ryder

Après le rassemblement, Furyk et Weir sont venus, chacun leur tour, s’attabler avec quelques journalistes, pour discuter de manière plus décontractée. Pour parler notamment de hockey, de football et surtout de golf.

Contrairement à ses Steelers de Pittsburgh, la préparation de Furyk se passe bien. Dans quelques semaines, il accompagnera l’équipe américaine à Rome, en Italie, dans le cadre de la Coupe Ryder, autre compétition par équipes d’envergure.

La principale différence entre cette compétition et celle prévue à Montréal dans un an est l’identité de leurs adversaires. À la Coupe Ryder, les États-Unis affrontent les Européens. À la Coupe des Présidents, ils se mesurent aux joueurs internationaux, donc des golfeurs de partout, sauf du Vieux Continent.

Furyk épaulera le capitaine Zach Jonhson en Italie. Et il prendra des notes pour le moment où ce sera à son tour d’être capitaine. « Zach m’a demandé d’être là et je veux gagner. Je vais pouvoir voir ce qui marche et ce qui ne marche pas. »

Ce sera surtout une occasion pour lui d’aller à la rencontre des joueurs. « Je connais la plupart d’entre eux, mais pas tous. Ce sera bien d’être avec eux, de leur parler. Je ne sais pas qui fera l’équipe l’an prochain, mais ça ne peut pas nuire d’être dans les alentours. »

Pour sa part, Weir sera un spectateur attentif, parce que « leur groupe est souvent similaire. Ce sont parmi les meilleurs joueurs au monde et ils le seront toujours en 2024. On sait à quoi s’attendre. Pour gagner, il faudra être à notre meilleur ».

Créer une chimie

Il n’y a pas de secret, chaque victoire à la Coupe des Présidents, ou à la Coupe Ryder, est un succès collectif.

Les Américains semblent déjà entretenir une chimie à toute épreuve. La plupart des représentants du drapeau tricolore sont des amis de longue date. On n’a qu’à penser à Jordan Spieth, Rickie Fowler et Justin Thomas, des inséparables même à l’extérieur du terrain.

Sur le plan de la proximité et de la camaraderie entre les coéquipiers, les États-Unis partent donc avec une longueur d’avance. Un avantage, diront certains.

D’ailleurs, le choix d’amener Justin Thomas en Italie a fait réagir. Notamment parce qu’il n’a pas joué son meilleur golf en 2023. Mais dans ce genre de format, il faut choisir en allant au-delà du rendement, croit Furyk.

« Il faut avoir des joueurs qui créent des étincelles. Des joueurs qui encouragent, qui félicitent tout le monde et Justin, c’est ça. Il a toujours été batailleur et cette intensité est un plus dans son jeu. Il pourrait soulever l’équipe. Si j’avais été Zach, j’aurais fait le même choix. »

Selon Weir, cette cohésion entre les membres de l’équipe adverse représente certainement la plus grosse menace. « Les Américains jouent souvent ensemble. Même dans les semaines de congé. Et il faut s’en inspirer, il y a beaucoup plus de chimie dans leur équipe. On veut aller souper et plus jouer ensemble. Dans les dernières éditions, ça avait bien fonctionné. »

C’est pourquoi au cours de la prochaine saison, jusqu’au jour J, les joueurs de l’équipe internationale devront apprendre à se côtoyer et l’adaptation devra se faire rapidement, pense le champion du Tournoi des Maîtres en 2003 : « C’est le plus gros défi. Ils devront s’apprivoiser, se voir et s’entraîner ensemble dès la prochaine saison les lundis et les mardis avant les tournois. »

L’heure des choix arrivera rapidement pour les capitaines, quant à l’identité des représentants de leur équipe respective. À l’heure actuelle, Furyk est à la recherche non seulement des meilleurs joueurs, mais des meilleurs leaders. Et il a terminé la discussion en illustrant sa pensée en citant l’exemple des Patriots de la Nouvelle-Angleterre. Ils avaient certainement le meilleur quart-arrière, mais les dirigeants ne l’ont pas entouré nécessairement avec les meilleurs joueurs, mais plutôt avec les éléments les plus complémentaires.

« Je veux des leaders. Des joueurs qui procurent de l’énergie. Il ne faut pas nécessairement réunir les meilleurs joueurs, mais il faut bâtir la meilleure équipe. »