Patrick Carpentier n'a pu faire autrement que de rire.

Même s'il était en quête de sa première victoire en stock-car, samedi dernier sous la pluie à Montréal, devant ses propres partisans à l'occasion de la course de la série Nationwide, le pilote de Joliette a eu le temps de jeter un coup d'oeil à l'un des écrans géants du circuit Gilles-Villeneuve. Il y a vu Carl Edwards utiliser un squeegee sur son pare-brise.

«J'ai trouvé que c'était le fait saillant de la course, a déclaré Carpentier. J'ai pensé, 'Où diable a-t-il pu dénicher son squeegee?'

«Je me suis dit qu'il s'était sans doute arrêté à une station d'essence en route vers le circuit. C'était drôle.»

La première saison à temps plein de Carpentier en NASCAR n'a toutefois pas été aussi amusante jusqu'ici.

L'ancien pilote de série monoplace est en 37e place au classement à l'approche de la course de Coupe Sprint de ce week-end, qui sera disputée à Watkins Glen. Il devra se hisser parmi les 35 premiers d'ici la fin de la campagne pour assurer à l'équipe de la voiture no 10 de Gillett Evernham Motorsports une place au sein de la série l'an prochain.

Si Carpentier s'inquiète de sa sécurité d'emploi, il n'en paraît rien. Le sympatique Québécois est populaire auprès de ses confrères pilotes et il semble toujours souriant peu importe le contexte. Il sait que le prochain week-end s'avère peut-être sa dernière occasion de convaincre ses commanditaires qu'il mérite une autre année, mais il ne va pas conduire comme si chaque tour pourrait être son dernier.

«Si tu passes ton temps à t'inquiéter, tu vas faire pire que d'habitude - la plupart du temps du moins», a-t-il noté.

La course à Watkins Glen marquera le premier anniversaire des débuts de Carpentier en Coupe Sprint. Il avait bien fait à cet endroit l'an dernier, terminant 22e après avoir pris le départ au 40e rang.

«C'avait été une bonne course, a-t-il dit. Je suis sorti de piste à quelques occasions, mais la voiture était rapide et j'espère en avoir une aussi bonne en fin de semaine.»

Les bonnes voitures ont été chose rare pour lui cette année. Carpentier n'a pas réussi à se qualifier pour l'épreuve de Daytona et il n'a pas terminé en première moitié de tableau à ses 15 premières courses, mais il estime que son équipe est en voie de changer le cours des choses. Il a décroché sa première position de tête au New Hampshire, puis il a obtenu son meilleur résultat de la saison, 14e, à Chicago.

«Les cinq dernières courses, et depuis que j'ai eu la pole à Loudon, on est un peu plus confiants et on se retrouve un peu plus souvent parmi les 20 premiers, a souligné Carpentier. Je commence à rivaliser avec les pilotes de la Coupe, alors que je n'étais pas en mesure de le faire au début.»

La transition entre les séries monoplaces et le circuit de tête de NASCAR semble commencer à rapporter des dividendes pour Carpentier, qui a rapidement gagné le respect de ses confrères pilotes.

Ses résultats en série Nationwide ont été bons. Il a terminé quatre fois parmi les 10 premiers en cinq départs cette année et il aurait peut-être remporté l'épreuve de Montréal si celle-ci n'avait pas été écourtée à cause de la pluie. Il s'est contenté de la deuxième place.

Le fait qu'il était en bonne position pour l'emporter est signe que Carpentier est maintenant capable de faire preuve de patience, qualité qu'il n'avait pas en début de saison.

«En voiture Indy, tu peux attaquer tout le temps, a-t-il dit. Il faut quand même être fluide, mais tu peux arriver dans une courbe aussi tard que tu veux et exagérer avec la voiture.

«Mais il faut un peu plus de finesse avec une stock-car, sinon tu vas la brûler.

«Il faut laisser la voiture faire ce qu'elle veut. C'est la plus grande leçon que j'ai apprise. «J'apprends encore. Chaque course qu'on dispute, chaque piste qu'on visite, je continue d'en apprendre un peu plus.»

Une bonne prestation ce week-end lui donnerait des arguments en vue d'un retour l'an prochain. Mais même si les dirigeants de Gillett Evernham décident de le laisser aller, il ne faut pas s'attendre à ce que Carpentier effectue un retour en série monoplace.

«J'aime la NASCAR, a-t-il dit. J'aime les ovales et c'est ce que je veux faire. L'IRL s'éloigne de plus en plus des ovales et en ce qui me concerne, je ne suis pas intéressé à y retourner.»