Résumé des épisodes précédents: mardi dernier, la Scuderia Ferrari a déposé plainte auprès de la haute cour de Londres, après avoir été informée d'une fuite de documents confidentiels vers l'écurie McLaren.

Résumé des épisodes précédents: mardi dernier, la Scuderia Ferrari a déposé plainte auprès de la haute cour de Londres, après avoir été informée d'une fuite de documents confidentiels vers l'écurie McLaren.

Le jour même, au terme d'une perquisition menée par les juges anglais, des centaines de plans furent découverts au domicile de Mike Coughlan, le concepteur de l'écurie McLaren, qui a été immédiatement suspendu de ses fonctions. En panique, McLaren a émis ce jour-là un communiqué stipulant qu'une enquête interne a démontré qu'aucune information en provenance de Ferrari n'avait été reprise sur ses voitures, proposant de laisser la FIA (la Fédération internationale de l'automobile) le constater par elle-même.

Le mercredi, on apprit que la fuite s'est produite le 28 avril dernier. Ferrari en a été informé par un employé d'un centre de photocopies situé à Milton Keynes, non loin de l'usine McLaren. Un employé qui a averti Ferrari lorsqu'un client lui a demandé de photocopier un livre de 500 pages portant le logo du Cavallino, l'emblème de la Scuderia.

Le document détaillait certains éléments des suspensions de la Ferrari F2007, ainsi que des procédures de fonctionnement de l'équipe et des données de télémétrie, précisant les réglages de la voiture en fonction des circuits. L'employé du centre de copies a spontanément téléphoné à Maranello lorsqu'il lut sur l'une des pages la mention: «Confidentiel. Si vous trouvez ce document, veuillez appeler le +39 536 949 111 (le numéro de l'usine Ferrari).

C'est ce coup de fil qui a été à l'origine de toute l'affaire. Il s'est avéré que le client demandant les photocopies n'était autre que Mike Coughlan, le concepteur de la McLaren MP4-22, et que les documents avaient été fournis par Nigel Stepney, le responsable du développement des performances de Ferrari. Un poste qui ne convenait pas à Stepney. L'an dernier, chef mécanicien, il avait demandé à ne plus voyager sur les Grands Prix, mais ce voeu n'avait pas été exaucé par la Scuderia. Mercredi, Ferrari a confirmé l'avoir licencié avec effet immédiat.

Le 28 avril dernier, près du port de Barcelone, Stepney avait été vu dans un bar en compagnie de Coughlan, et c'est à ce moment que le document confidentiel aurait changé de mains.

Jeudi, Ron Dennis, le patron de McLaren, se défendait bec et ongle de toute exploitation par son écurie de la propriété intellectuelle de Ferrari. Au moment d'inaugurer sa nouvelle autocaravane, dans le paddock, le patron de l'équipe anglaise a brièvement évoqué l'affaire. «Je suis McLaren, je respire McLaren», a-t-il dit la gorge serrée. Avant d'ajouter en versant quelques larmes - les premières en plus de 25 ans de F1: «Je peux vous assurer que rien de mal ne se produit dans cette équipe.»

Vendredi, Nick Fry, le patron de l'équipe Honda, a précisé que Stepney et Coughlan sont tous deux venus le voir en juin, pour tenter de se faire embaucher dans son écurie. Une déclaration qui semblait réduire toute l'affaire à une simple recherche d'embauche de la part des deux ingénieurs. Ce que s'est empressé de confirmer Dennis: «Le motif de ces deux hommes est en fait très simple. Toute l'affaire va bientôt se terminer d'elle-même. Dès que j'en ai eu vent, j'ai immédiatement téléphoné à Jean Todt (le patron de Ferrari) et à Max Mosley (celui de la FIA) pour que nous collaborions au mieux. Une heure plus tard, j'ai proposé à la FIA de lui fournir tous nos documents internes afin de prouver que nous n'avons pas profité de la propriété intellectuelle d'une autre équipe.»

Hier, l'affaire est toutefois allée un cran plus loin. Présent dans le paddock de Silverstone, Mosley a en effet précisé sa gravité pour la première fois. D'après lui, une sanction est probable même si la McLaren MP4-22 n'a pas profité des secrets de la Scuderia. «S'il est avéré que McLaren a eu connaissance d'informations en provenance de Ferrari, nous prendrons des sanctions sévères, a-t-il précisé. Ces sanctions pourraient ne pas se limiter à retirer les points de l'équipe, mais aussi ceux des pilotes. Seules des circonstances très particulières permettent de punir une équipe sans affecter ses pilotes.»

Du coup, les points marqués cette saison par Lewis Hamilton et Fernando Alonso risquent l'annulation, tant il paraît évident que des infos confidentielles en provenance de Ferrari ont bel et bien atterri sur le bureau de Coughlan. «Ron Dennis est juridiquement responsable de ses employés», enchaînait hier Mosley. «Cette affaire pourrait être grave, car de nos jours, une simple information sur les stratégies de ravitaillement peut profiter à un concurrent.» Chez Ferrari, on ajoute justement que les McLaren s'avèrent étrangement compétitives depuis la fameuse fuite du 28 avril.

La FIA devrait terminer son enquête dans deux ou trois semaines, à en croire Mosley. Elle rendra alors publiques ses conclusions, qui risquent de bouleverser totalement le déroulement du championnat du monde de Formule 1 2007.