Ce n'est que le troisième jour de compétition aux Championnats du monde FINA de Shanghai, mais l'exaspération commence à poindre dans le camp de l'équipe canadienne de nage synchronisée.

Abonnée au quatrième rang, le même qu'aux Jeux olympiques de Pékin, la troupe de l'entraîneuse Julie Sauvé s'interroge sur le système de notation. Pas d'esclandres, ni d'accusations directes, mais des insinuations qui ne laissent pas de doute sur le sentiment qui habite l'équipe à Shanghai.

Ainsi, Élise Marcotte, en téléconférence après cette quatrième place au duo technique, lundi: «On a atteint notre but de nager un peu mieux qu'en préliminaires, et on en est très fières. Bien sûr, on est déçues de la quatrième place, mais on contrôle ce qu'on peut...»

Même son de cloche de sa partenaire, Marie-Pier Boudreau-Gagnon, qui s'exprimait aussi au sujet de son quatrième rang en finale du solo technique, dimanche, et de cette autre quatrième position à l'issue des préliminaires de l'épreuve technique en équipe, lundi matin. Toujours derrière la Russie, la Chine et l'Espagne, dans l'ordre.

«On a eu juste des performances de qualité, solides, a noté Boudreau-Gagnon. Maintenant, tout ce qu'on souhaite d'ici la fin des championnats, c'est de réussir à faire comprendre au reste des juges qu'on nage bien et qu'on mérite un podium.»

La percée de la Chine, entreprise aux Jeux olympiques de Pékin, paraît la plus agaçante pour l'équipe canadienne. «On s'y attendait un peu, on avait quand même vécu la Coupe du monde l'an dernier en Chine», a rappelé l'athlète de Rivière-du-Loup, qui participe à ses quatrièmes Mondiaux. «C'est le pays hôte, on est sur leurs terres.»

Les nageuses canadiennes aimeraient pouvoir décortiquer la façon de noter des juges, mais les pointages ne sont pas ventilés sur les feuilles de résultats. «C'est vraiment très difficile pour nous de pouvoir dire ce qui se passe avant la fin de la compétition, a noté Boudreau-Gagnon. On ne sait même pas qui nous aiment et qui ne nous aiment pas.»

Après ces commentaires, une question s'imposait : le Canada, qui s'enorgueillissait d'un rebond dans les classements depuis deux ans, serait-il mal jugé? «On n'irait pas jusqu'à dire ça», a prudemment répondu Boudreau-Gagnon avant d'ajouter: «On s'est présentées aux championnats du monde avec l'espoir d'avoir des médailles. Maintenant, on a réussi à réduire l'écart. On était sixièmes en 2009, on est rendues quatrièmes. Au moins, on s'améliore, on est sur la bonne voie.»

Élise Marcotte prône aussi la patience, d'autant que l'équipe canadienne, contrairement à quelques rivales, n'a pas encore mis à l'épreuve ses programmes olympiques. La Russie, la Chine et l'Espagne bénéficient de leur bonne réputation acquise aux JO de Pékin, pense la nageuse de L'Ancienne-Lorette.

«Avec le temps, on va finir par les avoir, a promis Marcotte, qui participera à la finale par équipes, mardi soir. C'est du temps, c'est de la constance, ce n'est pas fini jusqu'aux Jeux olympiques. C'est malheureusement une des réalités du sport jugé. On apprend à vivre avec. On veut juste leur mettre chaque fois dans les dents, (leur prouver) qu'on mérite notre place et ils vont finir pour nous la donner.»