Les parcours québécois sont-ils moins beaux que ceux du reste du Canada? C'est ce qu'on déduit du dernier top 100 (sondage non scientifique) du magazine SCOREGolf.

Seulement sept se classent dans le top 100. Et seulement un dans les 30 premiers: le Blue Course du Royal Montreal (neuvième). Viennent ensuite Le Géant (31e), Le Maître (34e) et le Diable (60e) de Tremblant, le Mount Bruno Country Club (76e), le Club Laval-sur-le-Lac (87e) et le Beaconsfield Golf Club (89e).

Si le Québec est peu représenté, c'est le contraire pour l'Ontario. Pas moins de 54 de ses parcours figurent dans le top 100. Incluant 17 dans les 30 premiers. Selon les chiffres de SCOREGolf, l'Ontario ne contient que 38% des parcours canadiens. Le Québec, lui, en contient environ 15%. Un poids deux fois plus grand que celui qu'il occupe dans le top 100.

Comment expliquer cette asymétrie? Par l'argent et par un certain biais méthodologique.

Yvan Beauchemin ne s'en cache pas. Il considère que les terrains ontariens sont plus beaux. «C'est une question pécuniaire, explique celui qui a sillonné le pays en tant qu'ancien membre du circuit canadien. Dans les années 50 et 60, beaucoup d'argent était disponible pour construire les terrains en région de Toronto. Ils investissaient des 4-5 millions, alors qu'on se limitait ici à un million. On manquait d'argent pour engager les meilleurs architectes et acheter de grands terrains. Cela donne des normales 4 de 310 verges comme on en voit souvent dans les Laurentides. Par manque de budget, plusieurs parcours québécois ont même débuté par un neuf trous.»

Le pro de Grand'Mère ajoute que certains de nos parcours en conservent la marque. «À l'époque, on engageait souvent l'architecte Howard Watson (Joliette, Hillsdale, Berthier, Carling Lake) parce qu'il prenait moins cher. Il creusait au milieu de l'allée et poussait le sol pour surélever le vert. La plupart de ces verts possèdent donc le même genre d'inclinaison. Très souvent, le sol était composé de sable ou de glaise. Le drainage en souffre aujourd'hui, tandis que les verts sont plus difficiles à maintenir à une vitesse rapide.»

Depuis quelques années, de nouveaux parcours comme ceux de Club Links et d'Intrawest à Tremblant ont été conçus avec plus d'argent, environ 15 millions. C'est d'ailleurs trois jeunes parcours de Tremblant qui suivent le Royal Montreal parmi les québécois du palmarès de SCOREGolf.

Toronto et l'ouverture

Personne au magazine ne pouvait nous donner hier le nombre de Québécois parmi les quelque 75 membres du jury. On peut toutefois présumer que la majorité d'entre eux viennent de la région de Toronto, où sont établis l'Association royale de golf du Canada, SCOREGolf et plusieurs autres membres de l'industrie canadienne du golf. Tous des gens qui ont davantage accès aux terrains ontariens qu'aux québécois. «Probablement que plusieurs d'entre eux n'ont pas assez eu la chance de jouer au Québec», concède Bob Weeks, éditeur du magazine.

Exception notable: les parcours de Tremblant, une des destinations québécoises les plus populaires dans le reste du Canada. Ce qui n'a sûrement pas nui à leur classement, malgré leur indéniable qualité.

«L'exemple de Tremblant montre qu'on doit mieux faire connaître nos parcours», croit Jacques Landry, directeur général de l'Association des terrains de golf du Québec. D'ailleurs, il s'y trouvait hier avec des journalistes de golf du Canada anglais. «J'ai organisé des rencontres similaires dans d'autres régions cette année pour faire connaître nos membres», explique-t-il.

Le sondage de SCOREGolf offre une autre preuve que le ROC ne constitue pas un bloc monolithique. Comme chaque année, des lecteurs de l'Ouest et des Maritimes se sont plaints de leur «faible représentation».

«Nous n'avons pas de préjugé favorable envers l'Ontario, assure Peter Robinson, chroniqueur de SCOREGolf. Si on cherche une injustice, elle réside plutôt dans l'Omnium canadien, trop souvent disputé au même endroit. Il faudrait que le Québec l'accueille bientôt.»