Plusieurs éléments ressortent du voyage dans l'Ouest que viennent de compléter les Alouettes, le premier étant que cette équipe devra travailler sur son «instinct du tueur», ce terme légèrement excessif du jargon sportif désignant la capacité à finir le travail.

Lorsqu'on laisse filer une avance de 18 points au troisième quart - comme ç'a été le cas des Alouettes qui menaient 24-6 mais qui ont perdu 36-34 vendredi à Vancouver -, six jours après un match à Regina qu'ils menaient aussi au quatrième quart et que la plupart des joueurs estimaient avoir échappé par leur faute, c'est qu'il y a là un petit problème.

Ceci dit, rarement a-t-on vu une série de trois défaites aussi encourageante que celle que viennent de connaître les Alouettes. En 16 jours, ils ont tenu tête aux Stampeders, Roughriders et Lions. Ils ont perdu les trois, c'est vrai. L'Ouest est plus fort, c'est vrai aussi. Une troisième vérité? Tant et aussi longtemps que les Alouettes formeront le meilleur club de l'Est - et c'est clairement le cas jusqu'ici -, ils seront dans une position enviable. C'est la réalité d'une ligue à huit clubs - et la raison pourquoi une expansion est nécessaire: du challenge et, surtout, plus d'importance à la saison régulière.

Laissons Ottawa, Québec et Halifax, et revenons à Montréal, où se produit la meilleure attaque de la Ligue canadienne depuis l'ouverture. Ce n'est pas le jour et la nuit entre l'attaque de cette année et celle de 2007, ce n'est pas la même orbite.

Le plus gros problème de la saison dernière - les fameux 68 sacs - a été promptement réglé par Marc Trestman et le nouveau groupe d'entraîneurs. Anthony Calvillo a connu son match le plus difficile à Vancouver, mais a vite trouvé ses aises dans le nouveau système et joue très bien. Il y a une belle profondeur chez les receveurs, menés par Kerry Watkins - cinq touchés en autant de matchs - et Ben Cahoon. Enfin, que dire d'Avon Cobourne, qui est en train de rapidement devenir le meneur émotionnel de l'attaque. Cobourne a dicté l'allure du match grâce à plusieurs belles courses au premier quart et a terminé la rencontre avec 127 verges. La pièce maîtresse de l'attaque, c'est lui.

La défense, elle, poursuit sa quête d'identité. L'effort y est, mais la défense ne joue pas avec la même émotion que l'an dernier. Autre facteur non négligeable, c'est une unité qui est petite, de la première ligne à la tertiaire en passant par les secondeurs.

Il y a toutefois un membre de la défense qui joue mieux cette année. Chip Cox a mené les siens avec 10 plaqués contre les Lions et est plus actif que la saison dernière. Matthieu Proulx et Davis Sanchez ont réussi les premières interceptions de la tertiaire. Proulx a bien fait à son premier départ de la saison.

Faudra maintenant voir si la blessure à l'épaule qu'a subie Mark Estelle est sérieuse ou non. Le demi de coin - et meilleur joueur des Alouettes dont personne ne parle - a été remplacé par la recrue canadienne Paul Woldu en deuxième demie.

Woldu et Shea Emry - un autre choix au repêchage de ce printemps - menaient l'équipe pour les plaqués au sein des unités spéciales avant le dernier match. Solide depuis le début du calendrier, l'équipe de couverture a flanché, permettant un touché de 91 verges sur un retour de botté d'Ian Smart. Les Lions ont contrôlé le match à partir de ce moment.

Certains correctifs devront être apportés afin que les Alouettes puissent venir à bout des Roughriders, Lions et Stampeders, mais ils ont plusieurs mois pour y voir. Jusqu'au début des séries éliminatoires, en fait. D'ici là, ce qui compte vraiment, ce sont les Tiger-Cats, Blue Bombers et Argonauts, les trois autres équipes de la division Est et les trois prochains rivaux avant la pause de mi-saison.