Directeur sportif de l'équipe Astana absente du Tour, Alain Gallopin porte un regard distancié sur l'édition 2008 dont son équipe est absente et privilégie un coureur, le Russe Denis Menchov.

«Le plus fort, c'est Menchov», se risque l'ancien directeur sportif de plusieurs grands protagonistes du Tour (Ullrich, Basso). «Il est robuste, fort dans les chronos, régulier en montagne. Il a déjà gagné la Vuelta et il a l'expérience du Tour. Par rapport au Giro (qu'il a terminé à la 5e place), les montées sont plus longues et régulières».

Le technicien français de l'équipe Astana (évincée par les organisateurs) désigne avec le Russe deux autres favoris, l'Australien Cadel Evans et l'Espagnol Alejandro Valverde. Mais il s'interroge sur les deux: «Au Dauphiné, Evans m'a paru plus nerveux. Quant à Valverde, qui a bien calculé sa saison, il est calme, il sait courir et il est entouré de gens de grosse expérience. Son handicap, ce sont les chronos.»

Un match Contador – Schleck

«Une situation d'outsider, c'est très facile. Favori, c'est autre chose. A l'époque de Lance Armstrong, c'était facile de faire deux du Tour. Il n'y avait rien à faire, son équipe contrôlait tout ! Quand il y a plusieurs favoris, tout change. S'ils jouent les uns contre les autres, cela risque de faire du spectacle», poursuit Alain Gallopin qui ne croit pas pour autant à un Tour à surprises: «Ce sont les gars qui grimpent et qui font de bons chronos qui sont là.»

L'ancien directeur de CSC laisse percer un pronotic sentimental en faveur d'Andy Schleck, le débutant luxembourgeois qu'il a mené l'an passé à la deuxième place du Giro: «C'est compliqué car son équipe a beaucoup de leaders. Sastre, qui marche toujours bien la dernière semaine, a une grosse expérience du Tour. Andy peut faire un grand Tour. Il a prouvé ses qualités sur le Giro mais il n'avait pas du tout la pression. S'il le peut, il attaquera, c'est un type de panache, il peut troubler les cartes et faire le spectacle.»

Pressé de questions sur son ancien élève, l'actuel directeur sportif d'Alberto Contador, l'Espagnol vainqueur sortant du Tour, se laisse aller à rêver: «Si Andy dynamite le Tour et gagne et si l'année prochaine on a un match Contador - Andy Schleck, ça ne me déplairait pas, bien au contraire.»