Bien que le grand public fréquente de plus en plus le Centre de liquidation de Renaissance, l’endroit demeure un haut lieu d’approvisionnement pour la revente, laquelle peut s’avérer lucrative pour ceux qui s’y adonnent. Doit-on y voir une contradiction avec la mission sociale de Renaissance ?

Pour Linda Pimparé, directrice adjointe communications et marketing de Renaissance, par leurs achats, « les revendeurs contribuent aussi au réemploi, à la mission sociale et environnementale » de l’organisme.

Ce n’est pas qu’on encourage cette pratique, mais on ne peut pas l’empêcher.

Linda Pimparé, directrice adjointe communications et marketing de Renaissance

« On est dans le réemploi. [Ce qui est acheté par les revendeurs] ne s’en va pas à la poubelle. » Le profit qu’elle tire des ventes permet à Renaissance d’investir dans sa mission sociale.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Paul-Hugo examine les vêtements avant de les acheter.

Le Centre de liquidation est celui de la dernière chance. Les objets qui ne trouvent pas preneur après une heure ou deux sur le plancher retournent dans l’arrière-boutique où ils sont emballés puis acheminés à des recycleurs ou à des revendeurs. Les ballots de vêtements, qui s’entassent en quantité importante dans l’entrepôt, sont principalement destinés à l’exportation. La demande est grande. « On a un an et demi d’attente pour les ballots de vêtements qui sont vendus au poids », précise la gérante du Centre de liquidation, Line Chabot. Alors, même si les clients du magasin ressortent souvent avec des paniers bien garnis, cela ne suffit pas pour sauver l’entièreté du textile, dont une partie, bien qu’expédiée à l’étranger, peut se retrouver au dépotoir.

« Si un acheteur achète un vêtement de moi, qu’il le paie 40 $ alors que je l’ai payé 2 $, il n’achète quand même pas un vêtement neuf, expose Paul-Hugo Deslauriers, qui revend ses trouvailles en ligne. Peut-être que cette personne aurait aimé venir ici, mais qu’elle n’a pas le temps. »

Actuellement, il occupe un emploi à temps plein et s’adonne à la revente pendant ses temps libres. Mais il aimerait bien un jour s’y consacrer à temps plein. « Je pourrais vivre de ça », dit-il.

Imposable, la revente de vêtements d’occasion ?

Avant de se lancer dans la revente de biens sur une base régulière, mieux vaut s’informer des règles fiscales applicables. Le revenu tiré de la vente d’un bien constitue généralement un revenu imposable, tant pour un particulier que pour une entreprise. Or, pour les particuliers, il existe des exceptions qui font que la vente de l’habit de neige devenu trop petit pour votre enfant n’aura pas à être déclarée. Les vêtements sont considérés comme des biens à usage personnel (BUP). « Lorsque la vente d’un bien à usage personnel résulte en un gain en capital, 50 % de ce gain devra être inclus dans le revenu du particulier à titre de gain en capital imposable », précise Mylène Gagnon, porte-parole de Revenu Québec. Or, ce gain en capital ne doit être déclaré que si le produit de l’aliénation (le prix de vente) dépasse 1000 $. Dans ce cas, le montant que vous devez inscrire comme prix de base rajusté (prix d’acquisition du bien auquel s’ajoutent les frais engagés pour l’acquérir) est le plus élevé des montants suivants : 1000 $ ou le montant réel du prix de base rajusté. L’Agence du revenu du Canada applique sensiblement les mêmes règles, et précise qu’« un contribuable qui opère une entreprise de revente de vêtements d’occasion par le biais d’une plateforme numérique fait face aux mêmes obligations fiscales que s’il opérait une entreprise semblable dans un lieu physique ». Dans les deux cas, il doit déclarer les revenus de son entreprise et payer les impôts qui y sont liés. « Le terme “entreprise” est large et peut également comprendre un projet comportant un risque ou une affaire de caractère commercial, indique Nina Ioussoupova, porte-parole de l’Agence du revenu du Canada. Sommairement, cela signifie que lorsqu’un contribuable adopte le même comportement que celui d’un négociant ou que certaines des activités qu’il exerce sont motivées par la réalisation d’un bénéfice, il devrait également déclarer de tels revenus. »

Rectificatif
Une version précédente de l’article indiquait que pour que le gain en capital résultant de la vente d’un bien à usage personnel soit imposable, un profit minimal de 1000 $ doit avoir été réalisé. Or, une erreur s’était glissée dans l’information fournie à
La Presse par Revenu Québec. Le seuil minimal de 1000 $ ne s’applique pas au gain ou à la perte réalisés lors de la disposition d’un bien, mais plutôt au produit d’aliénation (prix de la vente).