L'Institut du cancer de Sao Paulo a commencé lundi à tester sur des humains une pilule controversée contre le cancer, un premier pas pour prouver l'efficacité d'une substance déjà utilisée par des patients, bien que non autorisée.

La dénommée « pilule du cancer », composée de la substance phosphoéthanolamine synthétique qui, théoriquement, est en mesure d'aider le système immunitaire à identifier les cellules tumorales et peut les éliminer, sera testée en phase initiale sur dix patients de cet institut qui ne reçoivent pas d'autres traitements, a indiqué le secrétariat de la Santé de l'État régional de Sao Paulo.

Si le médicament ne présente pas d'effets secondaires graves, l'étude sera élargie progressivement à un millier de personnes.

Les premiers tests sur des rongeurs, à la demande du ministère des Sciences et Technologie, n'ont toutefois pas été très prometteurs.

La « pilule du cancer » a été créée par Gilberto Orivaldo Chierice, chimiste et professeur de l'Université Sao Paulo, qui a développé dans les années 90 une méthode pour synthétiser la phosphoéthanolamine efficace pour empêcher le développement du cancer.

Aujourd'hui à la retraite, M. Chierice a effectué des tests sur des animaux et a mis la pilule à la disposition des patients d'un hôpital de la province de l'État de Sao Paulo qui l'ont prise sous sa responsabilité.

L'initiative a connu un « effet boule de neige » et selon les mots du chercheur lui-même dans une interview au site G1 de Globo, l'institut de chimie de l'Université a produit plus de 50 000 capsules par mois sans aucun règlement, répondant à la demande des patients qui avaient entendu parler de son pouvoir de réduire les tumeurs.

En 2014, le laboratoire a cessé de produire la pilule alors qu'une partie de la communauté scientifique alertait sur les risques du médicament, qui n'avait pas été soumis à tous les tests nécessaires.

L'Agence nationale de santé (Anvisa) et la Société brésilienne d'oncologie se sont opposées à sa distribution, mais de nombreux patients ont eu recours à la justice pour obtenir le médicament.

Face à la pression populaire, la présidente Dilma Rousseff a promulgué en avril, quelques semaines avant d'être écartée du pouvoir par le Sénat, une loi qui autorisait l'utilisation de la substance, sa fabrication et distribution.